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Le public hammamlifois s'est régalé, le vendredi 19 juillet dernier, dans le cadre du festival de Boukornine, avec une pièce extraordinairement jouée par une des leurs, la comédienne Wajiha Jendoubi.

Par Samir Messali

''El-Afcha mon amour'' est un one women show d'actualité avec un texte coécrit par Wajiha Jendoubi et Jamel Arfaoui, qui ont usé de beaucoup d'imagination pour décrire la situation politique et sociale de la Tunisie de 2013 avec beaucoup d'humour et en évitant le discours direct. Elle est mise en scène par Jamel Arfaoui

La pièce tourne autour du personnage d'El-Afcha, une vieille fille à la quarantaine qui, tout d'un coup, commence à souffrir d'une perturbation hormonale passagère se manifestant par une forte poussée de la barbe et des cheveux.

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D'un personnage l'autre avec la même maestria. (Ph. Mohamed Baâssoumi)

Ayant essayé, sans succès, tous les médicaments conventionnels, El-Afcha part à la recherche d'un remède magique pour son mal. Et c'est durant cette recherche qu'elle nous brosse un tableau de la société tunisienne de 2013, en s'adressant à chaque fois à une frange différente de la société. De Baya l'épileuse avec ses cinq enfants chômeurs diplômés, qui font un sit-in devant le ministère de l'Education, à une tentative déjoué d'immigration clandestine vers Lampedusa, en passant par une ouvre de charité de bourgeois francophones, ou encore par des voyous du quartier fraichement devenus des cheikhs.

Ce qui est impressionnant dans cette pièce c'est la prestation de Wajiha Jendoubi. Elle a cette capacité et ce talent d'incarner des dizaines de personnages avec, à chaque fois, une voix et une gestuelle différente. D'autant qu'il s'agit de personnages issus de milieux sociaux très différents.

L'accent est tout de même mis sur les marginalisés des quartiers d'en bas et la pièce a pu montrer la misère sociale de citoyens déçus par une révolution qui n'apporte pas encore une satisfaction à leurs revendications.

On ajoutera aussi que, sur le plan technique, Wajiha est restée, durant plus d'une heure et demie, concentrée sur ses personnages avec une bonne maitrise de son texte.

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(Ph. Mohamed Baâssoumi)

Le jeu de la comédienne a été, à trois ou quatre fois, ponctué par des projections vidéo sur un écran posé à l'arrière-plan de la scène et par moment, le jeu interfère avec les images projetées avec pas mal de réussite. Parmi les vidéos projetées se distingue un dessin animé très expressif et porté par beaucoup d'imagination.

Il est facile de deviner que le mal dont souffre El-Afcha exprime cette angoisse de la mainmise des tendances islamiste sur le pays. La pièce se termine cependant avec une note d'espoir avec la disparition de cette perturbation hormonale passagère, bien que le risque qu'elle se transforme en «dictature chronique» reste tout de même élevé.