Le tribunal de première instance de Tunis a émis samedi un mandat d'amener à l'encontre du réalisateur Nasreddine Shili, qui a lancé un œuf sur le ministre de la Culture Mehdi Mabrouk.
Lors de la commémoration du 40e jour du décès de l'artiste Azouz Chennaoui, vendredi à la Maison de Culture Ibn Khaldoun, à Tunis, le ministre, qui s'apprêtait à donner une interview à la télévision nationale, a reçu sur la tête un œuf, lancé par Nasreddine Shili, cinéaste talentueux mais impulsif et colérique.
Le ministre de la Culture s'est dépêché à l'hôpital, a fait un certificat médical et déposé une plainte pour coup et blessure contre son agresseur. Il a déclaré sur les ondes de Mosaïque FM que l'artiste lui a asséné un coup de poing, allégation démentie par des témoins et une vidéo filmant l'agression partagée sur les réseaux sociaux, où il n'y a pas de trace d'un coup de poing.
De son côté, le Syndicat des techniciens du cinéma et de l'audiovisuel, dont Nasreddine Shili est membre, n'exclue pas d'intenter une action en justice contre Mehdi Mabrouk pour avoir diffusé de fausses informations.
Samedi, le gouvernement a dénoncé l'agression contre le ministre de la Culture, en signe de solidarité avec l'un de ses membres.
Mehdi Mabrouk, sociologue de son état, ne jouit pas d'une bonne presse parmi les hommes de culture et même dans l'opinion en raison de son silence complice à propos des attaques répétées contre les mausolées, les artistes, notamment lors de l'affaire de l'exposition d'El Abdellia, en juin 2012, ou encore contre les directions de plusieurs festivals, notamment celui de Boukornine, tombé entre les mains d'agitateurs proches du parti islamiste Ennahdha (au pouvoir) et des Ligues de la protection de la révolution (LPR), des milices violentes au service de ce même parti.
M. Mabrouk est accusé d'être plus soucieux de servir ses maîtres d'Ennahdha que de promouvoir la culture et de sauvegarder le patrimoine national. C'est probablement la raison du geste – injustifiable et condamnable - de Nasreddine Shili.
Z. A.