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Hamdi Hadda, visage familier de la télé, du cinéma et du théâtre, a joué le rôle de Khaled le «fou de Oumayma» dans le feuilleton ''Al Ayam''. Son parcours artistique est assez étoffé, mais ce rôle est le plus important qu'il ait joué jusque-là.

Par Yüsra N. M'hiri

L'acteur nous entretient, ici, de son parcours, ses premiers rôles, ainsi que ses projets artistiques. Il témoigne aussi de son rôle dans le feuilleton dramatique ''Al Ayem'', une production de Cactus prod, qui est passé durant ramadan sur Ettounsya TV.

La scène? Une histoire d'amour...

L'amour de Hamdi pour la scène commence à âge de 11 ans, lorsque sa famille quitte la France pour s'installer définitivement en Tunisie. Afin de faciliter son insertion dans la société, et de se débarrasser de sa grande timidité, il lui est conseillé de faire du théâtre. Il commence alors ses premiers pas, avec Taoufik Jebali, célèbre dramaturge, metteur en scène et comédien tunisien, qui anime aussi un studio de formation dans son espace, El Teatro.

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Hamdi, tout sourire, au making off ''Al Ayem'', avec ses collègues, dont Raouf Ben Amor.

Cette première expérience artistique sera conclue par la pièce ''Manifestou essourour'' du même Taoufik Jebali, où Hamdi se produire, avec beaucoup d'autres jeunes comédiens, d'abord sur la scène du théâtre de plein-air de Hammamet, puis sur celle du théâtre romain de Carthage... Cette pièce, qui refait un voyage nostalgique dans le Tunis des années trente, est aussi un itinéraire théâtral et musical dans l'imaginaire d'un des pionniers de la littérature tunisienne, Ali Douagi. «J'en garde un délicieux souvenir», avoue Hamdi. En 2011, le jeune comédien jouera dans la comédie musicale ''Blanche Neige sous les dunes de Nefta'' de Hedia Bhiri.

Puis la télévision l'attire... quelques spots publicitaires, quelques rôles de figuration, ou des second rôles notamment dans ''Njoum ellil'' (Hannibal TV) et ''Nsibti El-Aziza'' (Nessma TV). Mais encore un documentaire télévisé, ''El Firar Min Carthage'' (La fuite de Carthage) de Madih Belaïd où il joue le rôle de Mahmoud Cheikhrouhou, le pilote de Ben Ali, l'ex-président déchu en janvier... Avant de se lancer dans le cinéma.
Hamdi jouera d'abord dans le film de Nada Mezni Hfayedh, ''Hkeyet Tounsia'' (Histoires tunisiennes). Ce film, qui a réalisé près de 25.000 entrées, deux ans après sa sortie, est une sorte ''Desperate House Wives'' à la tunisienne. Il raconte les destinées de plusieurs personnes, naviguant entre amour, passion et haine, entre riches et pauvres, mafieux et dupes... Hamdi Hadda a interprété le rôle de Mo, le propriétaire d'un pub, vivant dans une corruption totale.

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Hamdi chez lui auprès des photos qu'il souhaite un jour exposer.

L'acteur apparaitra ensuite, en 2011, dans ''Mille Feuilles'' dans le rôle d'un gérant de pâtisserie. Le film de Nouri Bouzid raconte l'histoire de deux jeunes filles que tout oppose, notamment sur la question du port du voile, mais que le destin réunit. Une chronique émouvante de leur vie au quotidien, qui se déroule pendant la révolution du jasmin.

Meilleure interprétation masculine en 2012

Hamdi continue sa carrière professionnelle avec pas moins de 8 courts-métrages, et finit en décrochant le prix de la meilleure interprétation masculine, au Festival international d'Agadir, pour son rôle dans le court métrage ''Top Secret'' d'Imen Ben Hassine.

«Je n'étais pas présent au festival, ce prix m'a été remis par la suite, et j'en étais aussi étonné que fier», explique Hamdi. D'autant que ce film concourait parmi 60 courts-métrages de 16 pays différents, avec quelques 500 acteurs en compétition.

Les organisateurs avaient été très gênés de son absence le jour de la remise des prix. Pour se rattraper, ils l'ont alors invité en tant que membre du jury au Festival du film international de Tiznit, explique-t-il.

«J'ai été reçu en star, avec le tapis rouge et tout ce qui s'ensuit. J'ai même été reconnu par le public. Cela m'a fait grandement plaisir, malgré ma timidité, mais j'ai tout de même eu un pincement au cœur, pensant qu'en Tunisie, mon pays, cela n'avait pas fait grand bruit. Malgré que notre drapeau ait été mis en avant dans le monde cinématographique», dit-il.

Hamdi et ''Al Ayem''...

Contacté par Meriem Ben Chaaben, qui avait fait le casting du feuilleton ''Al Ayem'', Hamdi a tout de suite été pris pour le rôle de Khaled, le «fou d'Oumayma». Ce grand réservé et timide (cela lui ressemble tout de même un peu). «J'étais ravi de jouer le rôle d'un gentil, on m'a souvent proposé des rôles de méchants, alors le personnage m'a tout de suite fait craquer», raconte Hamdi.

Sur les réseaux sociaux, on l'appelle déjà Khaled et on lui demande souvent d'avouer sa flamme pour Oumayma, et de se «lâcher» un peu.

«Cette association entre la personne et le personnage me plaît. Je peux humblement en déduire que le rôle a été interprété comme il se doit», dit Hamdi.

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Hamdi, coulisses ''Al-Ayem'' dans le role de Khaled.

Un rêve, un projet

Côté ambition, l'acteur n'est pas gourmand. Il espère d'abord maintenir son train-train quotidien, tout en continuant à exercer son hobby : le cinéma. «Je suis très timide... mais je me soigne. J'aime jouer et faire du cinéma, cela est une vraie passion, mais je veux garder mon petit cocon, c'est essentiel pour mon équilibre», confesse-t-il.

En parallèle, Hamdi rêve d'ouvrir une galerie, dans laquelle il exposerait ses photographies. Ayant plus d'une corde à son violon, ce directeur d'une boite de communication appelée H2Com, est passionné de photo. Certaines de ses prises avaient été sélectionnées et exposées en 2010 au Printemps des Art... Et il ne compte pas s'arrêter en si bon chemin.

Et pour conclure, un message aux Tunisiens

«J'appelle à la tolérance, sous toute ses formes, à l'amour à la paix, au respect d'autrui... Ce sont ces valeurs, qui ont bercé la Tunisie depuis des décennies. Il n'y a pas de raison pour que cela change. Aujourd'hui, et depuis la révolution, un certain individualisme s'est associé avec le rejet d'autrui, bouffant peu-à-peu nos valeurs. Ceux qui nous gouvernent n'y voient que du feu... trop occupés à garder bien au chaud leurs sièges», dit Hamdi en conclusion de l'entretien, sans oublier d'avoir une petite pensée pour Sami Fehri, le producteur et réalisateur de télévision emprisonné, à qui il souhaite bon courage.