Les jeunes de Oued Ellil, El-Hrairia, Ettadhamen, Sidi Béchir et El Mourouj I, quartiers populaires de Tunis, auront droit, les 26 et 27 septembre, à une manifestation dédiée au hip hop et intitulée ''Fi 7oumti'' (Dans mon quartier).
Par Zohra Abid
L'association Yeda, qui cherche à promouvoir le hip hop dans les quartiers, a présenté cette manifestation artistique, conçue et montée par l'artiste et chorégraphe Gaddour Ben Hassen.
L'objectif de Yeda (Youth Empowerment and Development Association) est d'accompagner les jeunes des quartiers périphériques, de les encourager dans leurs projets et d'essayer de leur offrir ce qu'il faut pour s'épanouir dans leur art.
«Nous les préparons à notre manière en leur donnant les outils qu'il faut pour acquérir un savoir-faire ou un savoir-vivre», explique Ahlem Ben Othman, présidente de Yeda. Elle enchérit: «Là où il y a des jeunes, nous sommes là pour les aider à s'épanouir et à trouver leur chemin...»
Les ambitions de Gaddour
L'association existe depuis 2006. Elle a toujours accueilli depuis, au complexe culturel d'El Menzah IV, des jeunes de 18 à 28 ans, venant des quartiers populaires du Grand Tunis, pour apprendre la peinture, le théâtre, l'informatique...
Gaddour Ben Hassen et Ahlem Ben Othman.
«Lorsque Gaddour est venu nous voir pour monter sa propre création et aller vers les cités populaires pour former des jeunes comme lui, nous avons dit oui tout de suite», enchaîne Ahlem Ben Othman.
Cette ingénieure de formation est chef d'entreprise, Pdg de World Network CS, et co-fondatrice de Araha, une société de services multinationale. Elle a passé 20 ans aux USA où elle a fait ses études et appris tant des choses dans la société américaine qu'elle voudrait mettre en place dans son pays d'origine.
Interrogée par Kapitalis sur l'objectif de ''Fi Houmti'', Slim Ayadi, blogueur, journaliste citoyen et formateur, a répondu: «Nous essayons de multiplier les manifestations pour essayer de mieux intégrer les jeunes dans la société par la culture et les expressions artistiques. Sinon, face au vide, les jeunes des quartiers peuvent trouver refuge ailleurs, quitte dans des réseaux de délinquance ou de violence».
Grâce au soutien de Yeda, le rêve de Gaddour a donc pris forme. Il s'est déplacé déjà dans les espaces culturels offerts gratuitement par les autorités pour monter son spectacle dansant et former gratuitement des jeunes comme lui dans le but de leur donner une chance pour voler de leurs propres ailes.
«Il existe certes des centres culturels et des espaces dans ces quartiers mais l'animation manque horriblement», déplore le jeune danseur et chorégraphe, qui cherche donc à meubler ces espaces et à les faires vivre
Les cités dansent
Avec sa petite équipe de 7 danseurs (Hichem Chelbi, Mohamed Sayhi, Ahmed Bouali, Bacem Ksouri, Houcem Otwani, Youssef Chouibi et Sofiene Tarbelsi), Gaddour proposera son show ouvert à tous les jeunes qui aiment s'exprimer par la danse.
De la technicité du Bodycom, promet-il, ainsi que des workshops de danseurs professionnels sélectionnés par Yeda.
Gaddour Ben Hassen.
«La formation prendra fin avec un jury qui sélectionnera les 3 meilleurs danseurs de chaque quartier. La quinzaine sélectionnée suivra une formation intense de 2 jours dans un hôtel avant de faire une tournée dans les quartiers», précise Gaddour.
Le chorégraphe croit en la réussite de cette aventure et aime bien que la manifestation gagne du terrain un peu partout dans les régions. Un souhait partagé aussitôt par ses sponsors de Yeda.
«Le rêve de Gaddour, l'enfant d'El Omrane, c'est un monde de tolérance, d'amour et de partage. Nous ne pouvons que le soutenir. C'est l'avenir de nos jeunes, celui de notre pays», réplique Mme Ben Othmane.
De la danse et des rêves...
«C'est, d'ailleurs, notre objectif premier. Nous avons déjà organisé des manifestations du même genre à Hammamet, Kairouan, Tabarka, Tozeur, Tataouine, Kelibia, Mahdia... L'essentiel est que la greffe prenne et nous ne pouvons qu'être partants», ajoute Ahlem Ben Othman. Qui précise que son association a déjà envoyé des jeunes à Londres pour se frotter aux professionnels britanniques dans le domaine de l'informatique et reste très ouverte sur l'étranger. Elle a ainsi des contacts avec la Finlande, l'Italie et d'autres pays européens pour aider les jeunes Tunisiens à se former dans diverses spécialités. Et ce n'est pas tout. Car «un réseau est en train de se créer en Europe pour un jumelage entre quartiers et villes, un projet parrainé par des jeunes Tunisiens résidant à l'étranger».
Pour plus d'informations sur la manifestation et son programme, s'adresser au siège de Yeda à la Cité Mahrajene à Tunis, appeler au 71.283.212 ou visiter le site web de l'association, ou lui écrire à l'adresse suivante : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..