L'espace culturel privé El Teatro démarre sa 27e saison, à partir du 3 octobre, avec un programme riche en émotions artistiques, promettant, comme à l'accoutumée, un mix de découvertes, de plaisir, de rencontres et de... militantisme.
Par Yüsra N. M'hiri
Les responsables de l'espace ont tenu une conférence de presse, vendredi, dans leurs locaux, à Tunis, pour présenter le programme de leur 27e saison jusqu'à fin décembre prochain, mis sous le slogan: «Soyons irréalistes, demandons le possible», inversion ironique du slogan des manifestants de Mai 68 en France: «Soyons réalistes: demandons l'impossible».
Toujours surprendre
Zeineb Farhat, directrice de l'espace, expliquera, que «la situation actuelle dans le pays, caractérisée par une grande laideur, n'autorise pas de grandes ambitions. Encore heureux que l'on peut encore demander le strict minimum, pour garder la Tunisie encore en vie, en attendant des jours meilleurs».
Zeineb Farhat (à gauche) et Taoufik Jebali (à droite) expliquent leur démarche.
C'est tout de même une nouvelle saison qui s'ouvre et qu'il faut meubler avec des créations puisées dans la diversité artistique tunisienne. L'objectif étant de toujours surprendre, de bousculer les esprits et de combattre les idées reçues. Dans cet exercice à haut risque, mais ô combien salutaire en ces temps de conservatisme rampant, le couple «chic et choc» (il détestera, à coup sûr, ce qualificatif), constitué par le célèbre dramaturge, metteur en scène et comédien Taoufik Jebali, et l'animatrice et communicatrice Zeineb Ben Farhat, ne manque pas d'idées. Et c'est tant mieux pour les fidèles d'El Teatro, qui ne vont pas s'ennuyer malgré la morosité ambiante.
La conférence de presse qui s'est déroulée dans une ambiance légère, conviviale et presque familiale, a été néanmoins l'occasion de traiter de sujets aussi graves que la liberté d'expression, très menacée aujourd'hui en Tunisie, de la démocratie qui tarde à s'instaurer dans le pays et des difficultés actuelles de la transition politique.
On sait que tout est lié : l'art et la politique faisant rarement bon ménage, les craintes des artistes face aux dérives des politiques sont toujours fondés.
Une scène mythique
Ces craintes seront d'ailleurs le leitmotiv des diverses pièces théâtrales qui seront présentées au cours des prochaines semaines. Le cycle des représentations sera lancé avec la nouvelle pièce de théâtre silencieux : ''Kelma Lé'' (littéralement : «Pas un mot») de Naoufel Azara et Khaled Bouzidi. Il comprendra, bien sûr, la dernière création en date de Taoufik Jebali ''Klem Ellil, Zero Virgule''.
Zeineb Farhat entourée de Saïda Ben Zineb et Thameur Mekki.
El Teatro, espace culturel tunisien dédié à la création scénique, a été créé en 1987 par Taoufik Jebali, son actuel directeur artistique.
Scène mythique, où se sont produits au cours des 20 dernières années, les monstres sacrés du théâtre tunisien, arabe et international, El Teatro est aussi un laboratoire au service de l'innovation artistique, qui fait confiance aux jeunes talents et les incite à s'aventurer sur les nouveaux sentiers de la création scénique.
Espace d'exposition, de formation, de création et de représentation, El Teatro propose également des cours de théâtre, dans le cadre de son «Théâtre Studio», ouvert aux amoureux de la scène, de 7 à 77 ans.
Extrait du programme :
• 10-11-12 octobre : Caillasses;
• 11 octobre : Slam Alikom Fusion;
• 17 octobre : Classico;
• 18-19 octobre : Bourguiba la dernière prison 2;
• 24-25-26 octobre : Questions de vie;
• 2 novembre : Houmti Nawarti;
• Du 13 au 16 novembre et du 19 au 21 novembre : Klem Ellil, Zero Virgule.