Le pays de l'Oncle Sam soutient les journalistes et artistes tunisiens privés de liberté. Une vidéo postée sur Youtube montre une projection murale dans les rues de New-York, où l'on lit, en arabe et en anglais, «Solidarité avec les journalistes et artistes tunisiens. Free Klay BBJ». VIDEO.
Par Yüsra N. M'Hiri
La vidéo projetée montre notamment le rappeur Ahmed Ben Ahmed, alias Klay BBJ, condamné à 6 mois de prison ferme par le tribunal cantonal de Hammamet, pour diffamation et outrage à un fonctionnaire de l'Etat. En fait, des agents de l'ordre se sont sentis humiliés, lors d'un concert à Hammamet, par les paroles de ses chansons, ainsi que par celles de la chanson de son camarade Weld El 15 ''El-Boulissiya kleb» (Chiens de policiers).
Klay BBJ et Weld El 15 dans une vidéo sur écran géant
Weld El 15 apparait, sur la même vidéo new-yorkaise, pour expliquer que «la révolution n'est qu'un mirage», déplorant que la liberté d'expression soit «absente de la Tunisie post révolutionnaire».
Klay BBJ chante "Affestouna" (Vous nous écrasez) sur une muraille de New York.
Bruno Guiliani, réalisateur et journaliste, résident à New York, est à l'origine de cette action. Il explique à Kapitalis qu'il a voulu exprimer sa solidarité avec les artistes et journalistes tunisiens privés de liberté ou harcelés par la justice. Il a alors informé l'association américaine The Illuminator des différentes arrestations ayant touché des activistes politiques, journalistes et artistes en Tunisie. Et c'est cette association, spécialisée dans la défense des notions de solidarité, de justice sociale et de liberté à travers le monde, qui s'est chargée de la mise en route de la campagne médiatique en faveur de la liberté d'expression en Tunisie à travers des vidéos diffusées sur écran géant dans les rues de New York.
Le journaliste d'origine italienne, qui a s'est rendu à Tunis à deux reprises, cet été, a donc ainsi réussi à mettre les menaces contre la liberté d'expression en Tunisie «sous les projecteurs» aux Etats-Unis.
Klay BBJ transféré de la prison de Mornag à celui de Mornaguia
Rappelons que Klay BBJ a passé, hier, sa douzième nuit en prison. Son avocat Ghazi Mrabet appelle, via sa page Facebbook, les Tunisiens à le soutenir. «L'oublié de la république ou le héros de la jeunesse. Condamné à 6 mois de prison ferme par un juge qui s'avoue sans aucune gêne être un conservateur et qui s'est autorisé à évaluer une ouvre artistique, devrait avoir un soutien plus important», a-t-il écrit.
Weld El 15 déplore le manque de liberté d'expression en Tunisie après la révolution.
Me Mrabet rappelle, par ailleurs, que Klay BBJ a été transféré, le 4 octobre, de la prison civile de Mornag à celle de Mornaguia. Ce transfert s'est effectué, sans aucune demande de la part de l'intéressé, sans préavis non plus et surtout sans aucune explication.
Quant au procès en appel du rappeur, aucune date n'a encore été fixée.
Heureusement que Klay BBJ n'a pas été totalement oublié : un journaliste américain pense à lui et à ses camarades, victimes du nouveau système dictatorial qui cherche à se mettre en place dans le pays, enterrant les rêves des Tunisiens et leur soif de liberté exprimée un certain 14 janvier 2011, lorsqu'ils ont fait tomber un redoutable dictateur.