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La Confédération générale tunisienne de travail (CGTT) l'espère bien et, pour y contribuer, elle a annoncé, aujourd'hui, la création d'un Syndicat national des chanteurs et artistes de Rap (SNCAR).

Par Yüsra N. M'hiri

Les rappeurs, on le sait, se veulent les porte-voix de la jeunesse et de leurs aspirations à la liberté. Leur musique, engagée et contestataire voire même provocatrice, reste cependant encore marginale et incomprise en Tunisie, surtout par les forces de l'ordre. Ces derniers ont développé une véritable allergie vis-à-vis des rappeurs depuis la sortie de la chanson ''El Boulissia Kleb'' (Chiens de policiers) de Weld El 15. Cette chanson, chantée au théâtre de plein air de Hammamet, l'été dernier, a valu une condamnation de 6 mois fermes à Klay BBJ. Quant à Weld El 15, il vit caché, ne souhaitant pas se rendre à la justice.

Le nouveau syndicat, composé de Daly T. Man, Wajdi XCali, Seif Bleedog, Art Masta et Men-A7, se propose, entre autres missions, de rapprocher les mentalités. «Des fois, pour toucher, il faut blesser, d'où le recours des rappeurs à certains termes assez rentre-dedans, mais il faut absolument maintenir le respect dans notre communication», explique l'un des membres du syndicat.

Les artistes souhaitent organiser des workshops pour expliquer leur musique et combattre les préjugés qui y sont souvent attachés. «On souhaite se rendre dans les quartiers et les régions reculées pour rencontrer les jeunes, avec leurs parents, et leur expliquer que le Rap est un art et une arme positive et constructive», explique un autre.

Il est important pour les jeunes rappeurs que les forces de l'ordre comprennent enfin qu'ils sont des artistes et n'ont rien contre la police, même si certaines paroles de chanson stigmatisent crûment des actes isolés ou individuels de certains policiers.

Des rappeurs membres du SNCAR se sont entretenus avec des membres du Syndicat de la sûreté nationale pour essayer de trouver un terrain d'entente et rapprocher les vues. Hazem Tounsi, membre du Syndicat de la sûreté nationale, devait intervenir lors de la conférence tenue aujourd'hui à la Maison de la culture Ibn Khaldoun, à Tunis, par le SNCAR. Il était présent dans la salle. Mais lorsqu'il a été invité au micro, un silence a régné dans la salle : M. Tounsi, a «disparu».

«On voulait vous faire une surprise et vous montrer la volonté commune d'enterrer la hache de guerre et de travailler ensemble pour une meilleure communication... Dommage, il a gâché la surprise», a lâché Daly T-man, déçu par cette attitude. Ce sera, peut-être, pour une autre fois...

Illustration: de gauche à droite: Wajdi X Cali, Art Masta, Dali T-Men, Seif Blee Dog et Aymen Fekih.