«Les identités plurielles», tel est le thème de la première Rencontre euromaghrébine d'écrivains, organisée du 9 au 11 novembre à Dar Lasram, dans la médina de Tunis, par la Délégation de l'Union européenne en Tunisie.
Par Anouar Hnaïne
Ces rencontres se donnent pour mission de mettre en contact les intellectuels autour de la Méditerranée, en les encourageant à renforcer leurs réseaux, à tisser leurs liens dans le cadre de la liberté d'expression. Une phrase pourrait résumer le but de cette initiative «L'identité n'est pas donnée une fois pour toute, elle se construit et se transforme tout au long de l'existence» (''Les identités meurtrières''), d'Amin Mâalouf, écrivain libanais, membre de l'Académie française, qui sait ce qu'identité veut dire.
Le puits sans fond de l'identité
Pour plancher sur le sujet, découvrir et montrer ses différents aspects, la Délégation européenne a mis les moyens qu'il faut: invitation des représentants du Pen Club international (et Pen Centre du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie). Au programme, cinq panels, des dizaines d'écrivains européens et maghrébins en majorité. C'est dire que l'absence incompréhensible du Maire de Tunis, invité à l'ouverture de la rencontre, a été remarquée.
Intitulés des panels. «Bouillon de cultures ou Chakchouka», «Voies et voix», «Tradition et modernité», «Je, tu, elle, vous, nous, ils...», «Patrimoines, cultures et identités»... Chacun des écrivains a lu un extrait de l'un de ses ouvrages devant un public relativement nombreux. Les thèmes ont été enrichis par les interventions souvent judicieuses du public averti, apparemment intéressé par ce puits sans fond qu'est «l'identité»; ce qui n'est pas pour déplaire à Laura Baeza, ambassadeur, chef de la délégation européenne : «Ambassadeur de l'UE en Algérie, j'avais déjà eu l'opportunité de travailler sur ce thème avec des écrivains algériens et européens, mais pouvoir élargir ce format et en discuter dans un cadre euromaghrébin représente une opportunité unique d'étendre le champ du débat», nous déclare-elle. Venant d'une diplomate issue d'une famille d'intellectuels, romanciers et éditeurs, ce vif intérêt pour le sujet n'étonne guère.
Laura Baeza.
L'Union des écrivains
Pourquoi et quoi servent ces rencontres, ce thème apparemment usé jusqu'à la corde? Les écrivains sont unanimes, même si les réponses différent par la forme (ce qui est l'aloi de l'écrivain). Les romans, poésies, nouvelles..., les écrivains maghrébins ne se lisent pas entre eux, leurs productions ne sont pas diffusées, ni lus dans les pays voisins. Quelques-uns parmi eux sont traduits en France, ils ne seront pas lus par les autres populations de l'Europe. L'idée généreuse est de préparer un réseau maghrébin, de monter un Salon du livre maghrébin et serrer les liens avec les réseaux d'écrivains, traducteurs, éditeurs européens.
«Je suis habitée par ce défi», confesse Laura Baeza qui nous apprend que les interventions de ces rencontres seront publiées dans un livre luxueux.
Alors que l'union politique du Maghreb semble couler, l'Union des écrivains fait ses premiers pas.
Illustration: La vice-présidente du Pen club international Marian Botford Fraser.