Cérès et la librairie Mille feuilles, à La Marsa, organisent une rencontre avec Mohamed Karrou & les membres de la famille de Habib Bourguiba Junior autour de l’ouvrage ‘‘Habib Bourguiba Jr – Notre histoire’’, le samedi 23 novembre à 18heures.
Publié, enfin, avec l’accord de sa famille, le témoignage de Habib Bourguiba Jr (1927-2009) vient à point nommé remettre en mémoire la profondeur historique de l’action accomplie par Bourguiba ainsi que l’originalité d’une vision et d’une démarche politiques qui firent de la Tunisie une nation pionnière et respectée. Le texte nous plonge d’emblée dans l’histoire personnelle de Bourguiba Jr, fils unique de Bourguiba, le fondateur de la première et toute jeune République tunisienne, dont il a hérité à la fois le nom et le prénom, et avec eux la fougue et l’enthousiasme des recommencements. De cet exercice périlleux de la remémoration, le fier héritier, navigant entre les écueils de l’histoire et ceux de l’introspection, parvient avec élégance à garder le cap au cœur des tempêtes familiales et politiques qui secouèrent la Nation tout entière. Avec beaucoup d’émotion, il prend le temps de contempler ce fragile moment de la construction de soi, de sa personnalité si interdépendante de celle du père fondateur. Il nous permet ainsi de prendre la mesure du chemin parcouru, souvent au prix de sa santé, tout en méditant sur la fragilité des édifices politiques, sociaux et moraux que l’on croit bâtis pour l’éternité. De l’option socialiste avec Ben Salah au moment libéral avec Hédi Nouira, de la décennie tronquée entamée par Mzali jusqu’à Ben Ali, il passe en revue les trente années de combats et de pouvoir. Pour les Tunisiens d’aujourd’hui, il raconte et saisit, à un moment charnière de leur destin national, l’histoire, telle qu’elle a été rêvée, façonnée ou contrariée. Mieux, il anticipe: Bourguiba Jr. leur annonce le retour bienveillant du bourguibisme, enfin débarrassé des turpitudes de la cour et de ses ultimes dévoiements. Avec ardeur, il tient à les prévenir contre la tentation de l’islam en politique. Pour lui, comme pour son père, la seule voie salutaire reste celle de la Raison. Les entretiens ont été conduits par Mohamed Kerrou, professeur de sciences politiques à l’Université de Tunis El Manar, auteur de nombreux ouvrages et notamment de ‘‘Hijâb : Nouveaux voiles et espaces publics’’ (éd. Cérès). Quelques extraits: «Le statut de la femme est déterminant pour nous, y compris dans nos relations extérieures. Lorsque vous n’avez pas les moyens d’être craint vous pouvez au moins être respecté. La place que la Tunisie a accordée à la femme y contribue plus qu’on ne le pense. Nous sommes respectés parce que nous respectons nos femmes. A tous points de vue, on peut dire que plus vous donnez aux Tunisiennes plus vous donnez à la Tunisie!» * * * «Il y a eu des velléités et des batailles feutrées puisqu’il y avait, d’un côté, le clan de Ahmed Mestiri, et de l’autre, le clan qui prétendait ou laissait entendre qu’il servait Mohammed Sayah. En fait, il y avait deux ou trois personnes qui avaient des « idées » et, tout autour, des gens qui les approuvaient ou désapprouvaient, suivant leurs intérêts ou leurs humeurs. Ce n’était pas de vrais clans mais plutôt des alliances d’un jour. Sayah défendait le Parti, Mestiri défendait sa propre personne en soutenant qu’il défendait la démocratie. Le même, en tant que ministre de l’Intérieur, en avait commis, j’en fus témoin, plus d’un écart ! Cependant, autant qu’Ahmed Ben Salah, Ahmed Mestiri était un homme probe, droit, honnête sur le plan de l’argent. Je ne peux le méconnaître, mais Mestiri était trop ambitieux et trop assoiffé de pouvoir.» *** «Était-ce 'élégant' de la part d’Ahmed Mestiri, de Wassila ou de certains anciens ministres de faire de la démocratie leur cheval de bataille? Assurément que non! Mon père, sachant parfaitement à qui il avait affaire, ne pouvait croire que leurs motivations étaient strictement démocratiques […] Vous savez lorsqu’on va à un combat, il faut savoir combattre à armes courtoises, loyalement. La guerre est un art et comme tout art, elle ne supporte pas le faux, tôt ou tard, elle écarte les faussaires.» * * * «Bourguiba est, à ce propos, un homme qui s’est rarement trompé dans ses analyses et évaluations des événements de caractère politique mais qui s’est souvent trompé sur les hommes, sans doute, parce que nourri des idéaux des Lumières, il a toujours pensé ou espéré que l’homme fût perfectible.» Source : communiqué.
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