Plusieurs problématiques étaient, lundi, soumises à la réflexion des participants au colloque organisé, en marge des Journées théâtrales de Carthage (JTC 2013), sur le thème: «Critique de l'expérience: trait d'union».
Par Neïla Kalaï
Les sujets abordés ont donné lieu à un débat dense et surtout franc où aussi bien les conférenciers que les intervenants n'ont éludé aucun problème et sont allés directement au fond des choses. Ils l'ont dit clairement et objectivement : «Nous tardons toujours à écrire l'histoire de notre théâtre. Nous n'avons pas réussi, près d'un siècle après l'émergence du théâtre dans nos pays, à doter l'homme de théâtre et le secteur dans son ensemble d'un statut leur assurant dignité et pérennité. La législation régissant le secteur est en deçà des attentes et on navigue, encore, à vue en dépit des différentes expériences tentées ici et là».
Les communicateurs, pour la plupart des enseignants de théâtre où d'anciens responsables du secteur, ont souligné les difficultés que rencontrent quotidiennement les gens du métier sur plusieurs fronts. Et les expériences du théâtre régional, du théâtre universitaire et scolaire et de l'écriture théâtrale d'être analysées par les différents intervenants, avec une conclusion largement partagée selon laquelle il faut construire l'avenir du secteur théâtral sans occulter ce qui a été déjà réalisé.
En plus clair, les acquis sont à préserver et à renforcer sans pour autant oublier qu'il reste beaucoup à faire pour que le théâtre réussisse à occuper la place qui lui revient de droit dans les sociétés arabes. C'est par le biais du renforcement de la coopération interarabe que l'on parviendra à baliser la voie à un théâtre arabe performant et répondant aux exigences de l'heure.
Et c'est bien sûr, c'est sur cet impératif qu'a insisté Wahid Essaafi, directeur des JTC en disant: «Aujourd'hui, nous jetons les fondements d'une coopération interarabe que nous souhaitons durable. Pour que se concrétisent les rêves des professionnels du secteur et pour que la scène théâtrale arabe retrouve son éclat».
Ismail Abdallah et Wahid Essaafi.
Une ambition que partage le Ismail Abdallah, secrétaire général de l'Institut arabe du théâtre qui considère que «la convention de coopération signée entre les JTC et l'Institut a valeur d'annonce de la mise en œuvre de ce rêve que nous avons toujours caressé».
La première séance du colloqué, présidée par Abdelhalim Messaoudi, a évoqué plusieurs aspects du théâtre tunisien. Le chercheur Mohamed Messaoud Driss a survolé les débuts du théâtre arabe et tunisien depuis sa création jusqu'à l'époque des indépendances de ces pays. Quant à l'universitaire Mohamed Abaza, il a mis en relief le théâtre amateur tunisien en proposant un regard critique sur les législations ainsi que les limites et les succès de cette expérience par laquelle passe inévitablement tout professionnel.
Le chercheur Mohamed Mediouni s'est intéressé, pour sa part, au texte théâtral sous toutes ses formes de la traduction, à l'adaptation et à la création. Mohamed Mejri a mis dos-à-dos le théâtre professionnel et le théâtre en milieux scolaire et universitaire, en mettant en lumière les faiblesses et les forces de ce théâtre, considéré comme la pépinière du théâtre professionnel. Et la séance de se terminer avec l'intervention de l'universitaire Ezzeddine Abassi consacrée au théâtre régional depuis les troupes jusqu'aux centres des arts dramatiques et scéniques opérant dans certaines régions du pays. Une intervention par sa pertinence même si elle n'a pas fait l'unanimité des participants.
Illustration: Abdelhalim Messaoudi, Ismail Abdallah, Wahid Essaafi et Slim Sanhaji.