bouraoui
L’écrivain tuniso-canadien vient de publier un nouveau roman, ‘‘Méditerranée à voile toute’’, dont le récit se déroule dans la Carthage antique, cœur battant de la Méditerranée, et du monde.


Au milieu d’une Méditerranée grouillante de vie, où crises et drames surviennent en cavalcade, Hannibal Ben Omer, à la fois omniprésent et secret, résout les énigmes, excepté la sienne propre.

La quête de soi dans la multitude des autres
Guidé par son humanisme, ce Carthaginois immigré en Sicile porte haut les couleurs de la tolérance et se moque des barrières de race ou de religion. Curieux de tout, il demeure indéchiffrable. Qui est-il? Où va-t-il? Pourquoi délaisse-t-il sa femme Laura et Télémaque, leur enfant?
a voile touteCelui-ci, à son tour, quitte le foyer natal et, en fin limier, débarque à Malte où il entreprend une enquête sur celui qu’on a surnommé Le Marcheur. Tout en suivant les traces de son père, il le redécouvre par les témoignages de ceux qui ont croisé son chemin. Télémaque apprend à voir le monde par le prisme d’un Carnet où son père a consigné réflexions et aveux. L’amour filial résistera-t-il à la révélation de la vérité?
Roman initiatique, ‘‘Méditerranée à voile toute’’ (éd. Les Éditions du Vermillon, Ottawa, Canada) est le récit d’une quête de soi à travers la multitude de l’histoire et de la géographie, le temps et le lieu, la douleur de la mémoire et le désir d’avenir. C’est un roman de maturité où, comme souvent dans les écrits Bouraoui, les personnages développent une réflexion sur l’être en devenir, le paraître qui aveugle et le secret d’une filiation sans cesse redécouverte.      
Hédi Bouraoui est né à Sfax, en Tunisie. Éduqué en France, il enseigne et écrit à Toronto, au Canada. Il est l’auteur d’une vingtaine de recueils de poésie, d’une douzaine de romans, et d’une dizaine d’essais de critique littéraire où il fait l’analyse d’une francophonie plurielle. Il a reçu le Grand Prix de la ville de Sfax, pour son roman ‘‘Retour à Thyna’’, en 1995, le Prix Spécial du Jury Comar pour le même roman en 1996, et le Grand Prix Comar pour le roman ‘‘La Pharaone’’, en 1999.

Un parcours en constante migration
Né le 16 Juillet 1932 en Tunisie de parents commerçants dans le quartier nord de Sfax, Moulinville, Hedi Bouraoui y a fréquenté l’école primaire. Elevé en France, dans le Sud-Ouest, au Pays des Troubadours, il attribue son attrait pour la poésie à cet ancrage dans le Midi de la France.
Ses parents ont assuré ses études jusqu’au baccalauréat, puis Hédi a tenu à s’assumer seul. Dans ce but, tant en France qu’aux Etats Unis, il a fait, selon le terme consacré, des «petits boulots», a reçu de nombreuses bourses. Avant de faire le choix de vivre à Toronto, au Canada, il s’est consacré à ses études en français et en anglais au Collège Maréchal Lannes de Lectoure, Gers (France). Après un baccalauréat philosophie et lettres modernes (1952-53), il s’est inscrit à la Faculté des Lettres de l’Université de Toulouse, où il a reçu une licence-ès-lettres et littérature anglaise (1957). Hédi Bouraoui a achevé sa formation universitaire aux Etats-Unis : à Indiana University, Bloomington, Indiana (M.A. in American Literature, 1960), et à Cornell University, Ithaca, New York (Ph.D en Littérature comparée, française, anglaise, américaine, et italienne, 1960-66). Sa thèse a été dirigée par le grand critique belge-américain Paul De Man.

L’homme de trois continents
Auteur prolifique, l’œuvre de Hédi Bouraoui compte 20 recueils de poésie, 14 romans, 6 recueils de nouvelles, 2 contes, 9 essais.
«Homme de trois continents, errant perpétuel, il est l’écrivain de la migration, charriant avec elle toutes les sensibilités diversifiées et toutes les cultures plurielles de son itinéraire personnel», écrit Pierre Léon, dans un portrait qu’il a brossé de Hédi Bouraoui dans ‘‘L’Express’’ de Toronto), en 1999. Il ajoute: «Poète de la modernité, par le contenu débordant d’optimisme généreux, il est de tous les combats, féminisme, racisme, écologie. Son lyrisme effervescent rejaillit jusque dans le titre de ses œuvres... Tous ceux qui viennent d’ailleurs se reconnaissent dans ses poèmes. Poète, il l’est surtout par son goût de la ‘‘forgerie’’ des mots.»
«L’essentiel pour moi est de briser les formes traditionnelles. Il faudrait parvenir à une forme qui corresponde à l’éclatement que nous visons aujourd’hui, à ces problèmes de différences, d’épurations ethniques, de guerres entre civilisations et pays, entre les mêmes tribus, les mêmes ethnies... Bref, il faudrait se situer dans son siècle», répond Hédi Bouraoui, dans un entretien avec Abderrahman Ayyoub, dans le quotidien tunisien ‘‘Le renouveau’’, la même année.

Y. M.