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Houcine Laâbidi, cheikh de la mosquée Zitouna, nie être derrière l'occupation de la bibliothèque nationale d'El-Attarine, dément le ministère de la Culture qui a porté cette accusation et pointe du doigt l'Institut national du patrimoine (INP).

Par Zohra Abidi

Houcine Laâbidi, joint par Kapitalis, a rejeté en bloc les accusations du ministre de la Culture, Mehdi Mabrouk, qui a, dans un communiqué publié mercredi 25 décembre, dénoncé «l'occupation du siège de la Bibliothèque nationale d'El Attarine, sise dans la Médina de Tunis, par des personnes ayant lien avec des cheikhs de la Zitouna».

Houcine Laâbidi sur ses grands chevaux

Le communiqué ajoute que l'INP a fait le constat de l'infraction, mardi 24 décembre, et en a informé la justice, le chargé du contentieux de l'Etat et les forces de l'ordre.

En réponse à ces accusations, Houcine Laâbidi indique dans une déclarartion à Kapitalis que «la Bibliothèque nationale d'El Attarine n'était pas une propriété de la Zitouna. Elle était, à l'origine, une caserne, transformée ensuite en une prison, avant de devenir, au début du 20e siècle, une institution d'enseignement religieux dépendant de la Zitouna, dotée de sa propre bibliothèque».

C'est sous le règne de Bourguiba, au début des années 1960, qu'El Attarine est devenue le siège de la bibliothèque nationale, avant que celle-ci ne soit transférée, il y a quelques années, dans un bâtiment moderne, sur les hauteurs de la Kasbah.

«Nous avons constaté la disparition de 530.000 titres de cette bibliothèque, qui coûtent des millions de dinars. Au siège de l'association Khaldounia, 36 lustres et une série de clefs en or se sont évaporés. Nous accusons l'INP de toutes ces pertes, car il a exploité ces espaces ainsi que la mosquée Zitouna pendant des années. Nous avons une estimation du nombre des billets d'entrée vendus aux touristes pendant plusieurs années. Nous avons confisqué le tampon et nous voulons savoir où est passé l'argent récolté», explique encore le cheikh Laâbidi, qui ne cache pas sa volonté de rattacher un certain nombre d'espaces à la mosquée Zitouna et de récupérer tous les biens de la mosquée perdus après la promulgation, par Bourguiba, de la loi démantelant les «awqaf» (biens de mainmorte).

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Siège de l'ex-bibliothèque nationale El-Attarine.

L'Institut du patrimoine dans le collimateur

«Tout ce qui appartient à la Zitouna doit lui revenir. Et nous allons poursuivre tous les corrompus qui ont exploité ces biens. Nous le ferons même devant la justice internationale», menace le cheikh Laâbidi.

Tout en admettant avoir aujourd'hui d'autres tâches plus urgentes, en tant que cheikh de la Zitouna, comme celle de «récupérer les mosquées tombées sous le contrôle des Wahhabites, notamment la mosquée Okba Ibn Nafeê à Kairouan, aujourd'hui contrôlée par un imam extrémiste», le cheikh Laâbidi n'oublie pas que la Zitouna avait 25 annexes dans le pays, dont la mosquée Okba Ibn Nafeê. «Plusieurs de ces annexes sont gérés par l'INP et nous allons les récupérer avec la justice. Je dis bien avec la justice et non avec la force et l'occupation illégale», dit-il.

Le cheikh de la Zitouna, intraitable et qui n'est pas du genre à se laisser intimider, hausse le ton et annonce qu'il va poursuivre l'INP, la municipalité de Tunis et l'ancien directeur de l'Institut Ibn Charaf pour n'avoir pas su préserver tous ces lieux et pour avoir dilapidé des biens revenant de droit à tous les Tunisiens.

Début 2012, Houcine Laâbidi avait occupé par la force l'espace Khaldounia, à la médina de Tunis, et il a fallu l'intervention de la justice pour que l'Etat récupère son bien, en mars 2013.