Cet ouvrage écrit en 1967 par Werner Ruf, traduit et publié en arabe 36 ans après, a été présenté, en présence de l'auteur, le jeudi 20 mars, jour du 58e anniversaire de la l’indépendance, à Monastir, ville natale de Bourguiba.
Le politologue a fréquenté les université de Fribourg en Suisse, la Sorbonne en France et Sarrebruck en Allemagne. Enseignant à New York, Aix-en-Provence, Essen (en Allemagne), puis à la Castle University (Boston), Werner Ruf est, surtout, spécialiste du Maghreb, de sa politique et de ses spécificités sociales. Au début des années 60, alors jeune étudiant, Werner Ruf passe un an et demi en Tunisie postcoloniale, pour les besoin de sa recherche. Il y rencontre de nombreuses personnalités, dont Mohamed Sayah qui était, à l’époque, à la tête de l’Union générale des étudiants de Tunisie (Uget). Son ouvrage, écrit à la base en allemand, est un mélange de recherche scientifique et de témoignages d’une période de l’histoire contemporaine de la Tunisie. Il a fallu attendre 36 ans, pour qu’il soit traduit en arabe littéraire par l'Institut tunisien des relations internationales (Tunistri). Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour voir cet ouvrage publié en Tunisie? A cela, le professeur Werner Ruf répond: «Il y a eu des tentatives de traduction à l’époque de Ben Ali, mais il était toujours question de supprimer telle ou telle partie. L’ouvrage ne pouvait être publié – surtout en arabe – sans passer par la censure. Un livre sur Bourguiba ne dérange pas quand il est écrit en allemand. Le traduire, c’est une autre affaire». L’auteur ajoute: «J’ai toujours refusé qu’on touche à mes idées. C’est pour cela que j’ai reporté l’initiative de traduction, en attendant des jours meilleurs. La possibilité s’est présentée après la révolution. Et là, je n’ai pas hésité quand l'Institut tunisien des relations internationales m’a proposé de le faire.» L’ouvrage de 400 pages traite de la vision et la politique du premier président tunisien, de la lutte pour l’indépendance, du processus de décolonisation après la signature du protocole de l’indépendance. Yassine Yousfi |