La famille et les amis de Hamadi Chérif commémoreront le 40^e jour de la mort du célèbre galeriste et collectionneur d'art, le vendredi 28 mars, à Sidi Bou Saïd. Des artistes et des musiciens y prendront part.

Par Anouar Hnaine

Voilà un peu plus d'un mois que Hamadi Chérif nous quittait, douleur des siens et consternation de ses amis. Pour ses proches, partir si tôt, alors qu'il n'avait pas encore terminé son chantier rêvé, relevait d'une erreur de parcours, pire d'une faute irréparable, pourtant sa vie durant, il cultivait le bon goût au point d'en faire son métier, sa passion. Mais la mort en a décidé autrement, sans avertir, elle a provoqué une onde de choc dans le landerneau des artistes et des galeristes et un séisme de haute magnitude chez ses proches et son entourage.

La patte de l'absent-présent

Parmi les projets auxquels Hamadi s'attelait, la célébration du Centenaire de la visite de Paul Klee en Tunisie, dont il était le pionnier. Il préparait cet événement depuis un peu plus de 3 ans, et était fier d'avoir rallié à son projet les institutions parmi lesquelles l'Institut Goethe, les ambassades de Suisse et d'Allemagne et l'Espace Sadika. Le projet est sur les rails, il a pris la route vers le succès, en arrière-goût il y a la patte de l'absent-présent.

Le 10 février donc, un séisme a bouleversé tant de projets, de liens et de rêves.

Voilà l'élégant homme de Sidi Bou Saïd, qui a pris racine à Djerba qu'il irradiait d'une éblouissante lumière, en passant par Genève, où il tenait sa galerie d'art, New York où il a appris son métier auprès du plus grand collectionneur d'art du XX^e siècle, Ernst Beyeler, Paris ou Beyrouth où il gérait une galerie; nous laisse orphelins, lui qui très tôt, a aimé l'art et la vie, côtoyé les grands de ce monde, de Picasso à Salvador Dali, de Yehudi Menuhin à Léonor Fini, partagé ses ambitions et sa passion avec ses proches amis.

Un cercle restreint d'amis, secoué par cette secousse, vibre au présent, en accord avec la famille, ils ont décidé de célébrer le 40^e jour de la disparition de Hamadi artistiquement, en beauté et à la hauteur du personnage.

L'avantage d'être encore aimé

Plus qu'une commémoration, un devoir d'amitié. La date est fixée pour le vendredi 28 mars à 17h30. Un appel à participation a été lancé et c'est la ruée. Des artistes de tous bords, ceux qui ont exposé chez lui, femmes et hommes, nationaux et étrangers ont répondu à l'appel. Sans l'once d'une hésitation. Il fallait un espace très grand pour abriter un trop grand nombre d'œuvres proposées dans l'exposition hommage, aussi, une liste a été arrêtée, plus d'une quarantaine d'artistes parmi les premiers venus ont été retenus et chacun d'eux a présenté une œuvre. Et comme le «passant furtif, passeur d'images»* avait fait du Centre international d'art, Dar Chérif, à Djerba, un espace de musique, plusieurs ensembles ont tenu à participer, au premier desquels Alia Sellami, qui avec son ensemble Aloès, a chanté ''Nafass'', un soir d'été, dans la terrasse du Centre. Un spectacle sublime laissait dans l'île des souvenirs inaltérables. Aussi, chantera-t-elle, en ce 40^e jour du décès de Hamadi, des extraits de ce spectacle émouvant.

Centre international d'art, Dar Chérif, à Djerba.

Elle sera suivie par le Quatuor Cadences (violons, alto et violoncelle), d'un morceau exécuté par la Chorale Salammbô, le musicien Yasser Jeradi interprétera une partie de ses chansons. Des témoignages d'amis, des poèmes seront déclamés en hommage à celui qui désormais a entre les mains les vertus de l'éternité et l'avantage d'être encore aimé.

*Titre, paru sur La Presse Magazine de notre ami et critique d'art Bady Ben Naceur.

Illustration : Photos Monak.