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La galerie Elmarsa propose, du 4 au 27 avril 2014, une exposition du peintre Nabil Saouabi, un peintre qui capte l'angoisse brute de l'actualité politique.

Cette exposition, intitulée «Sleeper(s) Awake//Dormeur (s) éveillés // Ennes Niam», est rythmée par des images poignantes, retraçant un récit complexe et des reprises de figures emblématiques qui ont marqué le paysage sociopolitique du monde arabe et ses transformations.

Comme un moyen d'éveiller les esprits, l'œuvre de Nabil Saouabi embarque dans un monde qui capte l'angoisse brute de l'actualité politique et la force des événements sanglants qu'ont connus la Tunisie et la région.

Un univers qui convoque ses doubles

Né à Jendouba en Tunisie, Nabil Saouabi vit et travaille à Tunis. Il obtient en 2002 un DEA en arts plastiques et en 2013 un doctorat en sciences et techniques des arts à l'Institut supérieur des beaux arts de Tunis où il enseigne actuellement le dessin et dirige l'atelier de gravure.

Sa première exposition personnelle, en 2000, a un grand succès. Depuis, il participe à de nombreuses expositions en Tunisie et à l'étranger, notamment à des biennales comme Dak'Art, Beijing, et la VIe Biennale internationale de la gravure d'Île de France.

Ses œuvres font partie de nombreuses collections privées en Tunisie, en France, en Allemagne et au Moyen-Orient, ainsi que des collections publiques telle que le ministère de la Culture en Tunisie.

Depuis 2001, Nabil Saouabi crée un univers imaginaire dans lequel un personnage central émerge constamment au tournant de ses dessins, toiles et gravures.

C'est un homme épais, chauve, préhistorique, un brin abruti, les trais distordus, endossant le rôle du peintre. Un univers qui convoque ses doubles, dans un monde vacillant entre extérieur et intérieur (Atelier) à travers une mise en scène qui théâtralise la peinture.

Nabil Saouabi touche à différents médiums tels que le dessin, la gravure qui occupe une place majeure dans son œuvre, ainsi que la vidéo plus récemment. En 2011, il évolue vers une nouvelle problématique picturale dont la démarche explore l'actualité à travers un corpus d'images «politique».

Ainsi sa vision des faits retrace l'histoire contemporaine dans le monde arabe dont le regard à l'affut d'une réalité tragique qui demeurerait indéchiffrable et hermétique sans l'expression artistique. La «représentation» de l'image «politique» s'est imposée d'elle-même au processus de mise en abîme et d'une mise en scène en atelier dont les nombreuses micro-lectures sont toutes autant de jeux réflexifs sur l'acte de peindre.

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Nabil Saouabi, "Le peintre et les baillonnés, 2013, huile sur toile.

Un œil nourri d'icônes de l'art

L'exposition présente une vingtaine de peintures récentes – huile sur toile – de Nabil Saouabi aux dimensions imposantes. «Il est manifeste que le seul déclencheur de ce nouveau départ pictural de l'artiste, que l'unique commanditaire de cette profusion de figures n'est autre que l'intensité de l'actualité politique et la force des événements sanglants qu'ont connus le pays et la région depuis un certain 17 décembre 2010. Ici et là, un œil instruit d'histoire contemporaine, un œil nourri d'icônes de l'art et de l'actualité peut d'un clin intercepter l'image d'un Bourguiba sénile et mourant, d'un Kadhafi posant en empereur ou gisant, d'un Bouazizi entièrement bâillonné de bandes de gaze..., d'un Arafat serrant d'une main absente la main non présente d'un Yitzhak Rabin. Le spectateur peut de la sorte associer le nom d'une personnalité notoire mais décédée à sa figure telle qu'elle a été photographiée à un moment précis de sa vie ou lors de son trépas. Un œil averti peut également déceler des figures éborgnées et criblées de chevrotine ravivant les événements douloureux de Siliana ou celle d'un militant salafiste décédé après une grève de la faim... Un œil avisé peut remonter dans le temps et discerner la figure d'un Che Guevara ou celle du général Nguyen exécutant sommairement un prisonnier Viet Cong dans une rue de Saigon...» (extrait du texte de Nadia Jelassi dans le catalogue de l'exposition, 2014.

Source: communiqué.

Illustrations: Nabil Saouabi, "Eyes Wide Shut", 2014, huile sur toile.