Notre planète terre est-elle en danger de mort? C'est la question posée en filigrane du festival du film documentaire ''Doc à Tunis'', tenu du 3 au 6 avril.
Par Mona Tebourbi
La Tunisie «Al-Khadra» (la verte), telle que les anciens voyageurs arabes la surnommaient, mérite-elle encore cette belle appellation? ''Doc à Tunis'', festival de cinéma documentaire mais aussi journées d'information, de sensibilisation et de vulgarisation écologiques, organisées par Ness El Fen, sous le thème «Pour une Tunisie verte», ont tenté de répondre à cette question.
Des écosystèmes en danger
La cérémonie d'ouverture s'est déroulée au Théâtre municipal de Tunis, en présence d'officiels en charge du dossier de l'environnement et de plusieurs experts en développement durable. La séance inaugurale a été consacrée à un état des lieux de l'environnement en Tunisie. On a beaucoup parlé de la situation dans l'oasis de Gabes, sans oublier les autres menaces pesant sur les écosystèmes dans notre pays, sur la faune et la flore maritime.
D'éminents spécialistes ont également participé au débat qui a clôturé ces journées, parmi lesquels Ameur Horchani, ancien secrétaire d'Etat aux ressources hydrauliques, et Ezzedine Khalfallah, expert en énergie.
Les nombreux films documentaires projetés et débats organisés ont porté sur les différents thèmes de l'environnement (pollution par les hydrocarbures et surtout par le pétrole et le gaz en Algérie, en Libye, au Nigéria et ailleurs), les alternatives aux énergies fossiles, les énergies renouvelables (principalement éoliennes et solaires). Ils ont porté aussi sur un certain nombre de problèmes posés par la pollution en Tunisie, dans les pays du Maghreb, en Egypte, dans des pays du Golfe, en Turquie, en Indonésie, en France, en Espagne et dans d'autres pays européens, dans la mer Méditerranée, les Océans, en Australie, aux USA et dans le reste du monde.
Des films documentaires qui donnent à réfléchir et à débattre...
Ces journées ont également permis de mieux connaitre les diverses alternatives aux hydrocarbures, auxquels s'attachent les grandes puissances du globe et les entreprises multinationales dans les divers secteurs économiques à leurs profits exclusifs et égoïstes, et ce, au détriment des pays du tiers et du quart monde.
Des alternatives aux énergies fossiles existent, notamment les énergies renouvelables (particulièrement solaire et éolienne), le développement durable, l'écotourisme... De nouvelles stratégies à court, moyen et long termes doivent nécessairement être mises en place, pour faire face aux nombreuses nuisances de la pollution, faites à la faune, à la flore, aux ressources halieutiques, en vue de préserver l'écosystème dans notre pays et dans la Mer Méditerranée et afin de préserver nos oasis, dont celui maritime de Gabes, unique au monde, ainsi que nos ressources en eau potable.
"Doc à Tunis" s'est donc fait, cette année, le porte-parole des écologistes, avec une programmation articulée autour du thème de l'environnement et des problèmes écologiques dont souffre de plus en plus tous les pays de notre planète terre. Des problèmes alarmants, que les gouvernants et autres puissances capitalistes feignent d'ignorer. Le réchauffement planétaire, les dangers de l'énergie nucléaire, l'épuisement des ressources naturelles, etc.: autant de sujets que l'édition 2014 de ''Doc à Tunis'' a tenté, à travers une sélection de documentaires récents, d'élucider, afin de sensibiliser un large public sur leur gravité.
Pour une écocitoyenneté responsable
Dans le contexte de transition que traverse actuellement la Tunisie, ''Doc à Tunis'' a voulu être en phase avec les préoccupations écologiques de la société tunisienne. Nul n'ignore les situations difficiles auxquelles nous avons été et sommes toujours confrontés: dégradation de l'environnement, envahissements des ordures, retour de la faim et de maladies archaïques, pénuries d'eau, coût de l'électricité, inflation, précarité et misère sociale, controverses sur les nouvelles sources d'énergie, pollution industrielle etc. D'où le choix, un choix relevant de la nécessité, de consacrer l'édition 2014 du festival à l'environnement, compris dans toute l'étendue et la complexité de son acception, avec, comme ambition, de contribuer à l'émergence d'un nouvel être au monde, basé sur la responsabilité, cela s'appelle l'écocitoyenneté.
Etre un éco-citoyen ne se limite pas à manifester son amour pour la nature, ni à cultiver, comme son jardin secret, la douce nostalgie des verts pâturages du paradis perdu. Il s'agit aussi de militer activement pour la défense de l'environnement et cela suppose une conscience responsable dans chaque geste quotidien. Car il s'agit bien d'un mode de vie citoyen, respectueux de la collectivité et, pourquoi pas, optimiste.
Mais dès lors qu'on parle environnement, surgit la question de sa perception, de sa pertinence et de sa prise en compte par la société. En effet, à qui s'adresse-t-on? Aux gouvernants dont les stratégies de développement décident de notre avenir? Aux privilégiés qui ont le luxe de se préoccuper de la qualité de la vie? Aux classes moyennes en cours de paupérisation qui ont du mal à joindre les deux bouts? Aux démunis, aux exclus qui n'arrivent pas à manger à leur faim? A quel niveau situer un problème incontournable? Est-il envisageable d'en faire l'économie?
Il faudra bien pourtant faire preuve d'audace pour prendre à bras le corps le problème, en inventant peut-être une forme de Smig environnemental autour duquel rassembler un consensus national.
Autre élément notable de la présente édition : se voulant une force de proposition à un débat sociétal majeur, la programmation de ''Doc à Tunis'' a été pensée et élaborée en collaboration étroite avec le mouvement associatif engagé sur le front de la défense de l'environnement. Ce qui n'a pas été étranger à la réussite de ces journées.