Les lauréats de la 5e édition du Prix Mustapha Azouz ont reçu leurs récompenses lors d'une cérémonie, le vendredi 25 avril, à Tunis, en présence du ministre de la Culture.
Par Zohra Abid
Ces récompenses sont décernées, chaque année, à l'occasion de la Journée internationale du livre et des droits d'auteur, par l'Arab Tunisian Bank (ATB), une banque très impliquée dans le mécénat culturel, l'Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences (Alesco) et le Forum de littérature pour l'enfant. Elles visent à promouvoir la littérature pour enfants et à encourager l'édition des livres pour jeunes en Tunisie et dans le monde arabe.
Les heureux lauréats
Le premier Prix Mustapha Azouz, d'un montant de 7.000 DT, a été remporté par le Tunisien Abdallah Ben Younes pour sa nouvelle ''Ayna Yaskounou Al-Ghoul'' (Où habite l'ogre?).
Le second prix, d'une valeur de 4.500 DT, a été décerné au Marocain Khaled Akalay pour son conte ''Badreddine wa Taqiyatou Achifa'' (Badreddine et la casquette de la guérison).
Quant au 3e prix, d'un montant de 2.000 DT, il est revenu à l'Algérien Chaker Messaâdia pour son livre ''Habbatou Melk El-Khal'' (titre intraduisible en français).
De gauche à droite: Mourad Sakli, Hassen Kaâk et et Anissa Saâdaoui.
Le jury de la 5e édition, présidé par Fatma Lakhdhar, est composé d'écrivains et d'éducateurs, notamment Jalila Triter, Zohra Jelassi, Mohamed Bedou et Abderrahmaen Majid Rebaï.
La cérémonie de remise des prix, organisée le 25 avril à l'hôtel Africa à Tunis, a aussi primé des talents en herbe. Trois prix d'encouragement ont en effet été décernés à Emna Essamet de Sfax pour ''Holmou albara'' (Rêve d'innocence), Yassine El-Jdey de Tunis pour ''Sadiqi Elladoud'' (Mon pire ami) et Abderraouf El-Khili de l'Algérie pour ''Wilada Aâjiba'' (Etrange naissance). Ces trois jeunes auteurs sont rentrés avec, chacun, un chèque de 500 DT. Comme il faut un commencement à tout, ils s'en souviendront, un jour, comme un moment important de leur carrière dans l'écriture pour enfants.
Lauréat du 1er prix: le Tunisien Abdallah Ben Younes.
Lire et écrire pour bien grandir
Selon le jury, qui a dû lire et mettre sous la loupe de la critique pas moins de 32 nouvelles ou contes écrits par des adultes et 12 autres par des jeunes collégiens, «le conte primé vole très haut» et «se démarque par son style narratif à la fois simple, agréable et argumentatif.»
Ce palmarès proclamé en présence notamment du ministre de la Culture Mourad Sakli, de Hassen Kaâk, directeur central de l'ATB et Anissa Saâdaoui, responsable de la cellule communication interne et relations medias à la même banque, a été le couronnement d'un workshop d'une journée consacré à l'écriture destinée pour les jeunes âgés de 12 à 15 ans.
Lauréat du second prix: le Marocain Khaled Akalay.
Le Prix Mustapha Azouz cherche à créer une dynamique d'écriture et d'édition pour enfants dans le but de promouvoir la lecture – malheureusement délaissée de nos jours au profit d'autres moyens de divertissement, notamment électroniques – et de réconcilier les jeunes avec le livre, qui reste le principal moyen d'éducation et d'accès à la connaissance. Car, comme nous le savons, le livre se porte mal en Tunisie. Hormis les manuels scolaires, les jeunes tunisiens – comme leurs ainés – ne lisent plus assez. Certains ne lisent même plus. Selon une enquête réalisée en 2012, 60% des Tunisiens interrogés déclarent lire un seul livre par an et justifie cette paresse par un argument on peut plus oiseux : plus rien ne les accroche dans les livres.
Réconcilier les jeunes avec le livre
«Il n'y a pas, en Tunisie, une véritable production littéraire destinée aux enfants. Les livres pour enfants édités ne brillent pas par leur grande qualité littéraire et éditoriales, s'ils ne sont pas bâclés et mal imprimés. Aussi les enfants préfèrent-ils rester scotchés à la télévision ou s'évader dans le monde virtuel des jeux électroniques. S'ils lisent 2 lignes pas jour, c'est déjà un exploit», explique une éducatrice présente à Kapitalis. Elle ajoute : «Il faut chercher de nouveaux moyens pour intéresser les enfants à la lecture. Et d'abord en écrivant et en réalisant de beaux livres qui frappent l'imagination et marquent la mémoire des enfants par leur force suggestive».
Photo souvenir des lauréats et des membres du jury avec le ministre de la Culture Mourad Sakli.
Et c'est, on l'a compris, l'objectif principal vise par le Prix Mustapha Azouz, qui porte le nom de l'un des plus célèbres auteurs tunisiens de livres pour enfants, dont les ouvrages ont marqué l'imagination de plusieurs générations de Tunisie depuis les années 60 du siècle dernier.
Les auteurs qui voudraient participer à la prochaine édition du Prix Mustapha Azouz doivent savoir que l'œuvre proposée doit être écrite dans la langue arabe, récemment écrite et jamais publiée.
Les contes écrits par des adultes doivent compter entre 30 et 60 pages et ceux des auteurs en herbe entre 10 et 25. Petits et grands, à vos plumes!
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