B'Chira Art Center a eu encore une fois la main heureuse en invitant Mylène Peyreton à exposer dans ses cimaises. Une sculptrice qui affectionne les compositions minérales.

Par Anouar Hnaïne

Mylène est céramiste de formation, elle joue de la terre, la transforme et en fait des œuvres d'art, comme si elle voulait nous rappeler que de la poussière d'argile nous sommes nés et à la poussière nous revenons.

Des compositions minérales

Un série de terres cuites, qui portent des noms issus du sol «Géologique» de petit format 18x18 ou 20x20, des pierres travaillées pièce par pièce, disposées au cordeau pour former des carrés; aucune pierre ne ressemble à sa voisine; les pièces sont mises à même le sol, ce qui met le spectateur en position verticale par rapport à l'œuvre, une façon d'appréhender la sculpture.

Mylène a mis du temps pour franchir le pas et entrer en peinture. Patiemment, elle y est entrée comme on entre en religion. Elle prend beaucoup de précaution, nous explique qu'elle a beaucoup réfléchi avant de s'engager dans la peinture. Pour l'instant, elle ne travaille qu'en noir et blanc.

Plus d'une trentaine de toiles sont exposées, sans couleurs? «J'estime qu'il me faudra monter des paliers pour aborder la couleur. Je ne suis pas peintre de formation, mais voyez ce que donnent ces 2 couleurs, qui sont considérées comme des non couleurs, comme variations...», dit-elle.

Des variations, il s'en trouve à foison dans la peinture de Mylène. De fait, les noirs et blancs sont d'une richesse incroyable. Pas de construction, mais une sorte d'instinct qui guide l'artiste vers des compositions minérales. Les titres des toiles, toutes en acrylique, sont éloquents : «Marée noire», «Variations haute fréquence»; «Variation au rythme de la vie», etc.

Mylène travaille au couteau, superpose les couches l'une sur l'autre, prend soin de corriger quelques détails. Dans ses œuvres, il y a absence de perspectives, absence de traces de brosses. Pour quelles raisons n'utilise-elle pas les brosse? «Pour l'instant je me contente du couteau, qui donne l'effet désiré, ça viendra, ça viendra», dit-elle comme pour se rassurer.

Un tableau composé de plusieurs modules, au fond de la galerie, peint en plusieurs types de «blancs», résume son approche: la composition peut se traduire sans perspectives, sans séduction par les couleurs. Le tableau est un emboîtement d'espaces rapprochés ou éloignés, les uns des autres. On saisit par là son penchant pour les volumes et naturellement sa formation de sculpteur.

La valorisation de la ferraille

L'artiste vit dans la région de Franche-Comté, dans un château médiéval transformé en centre de formation d'argile abritant une résidence d'artistes qui a hébergé des sculpteurs tunisiens. Un symposium y a eu lieu l'an dernier. Cette année, Mylène est venue en compagnie de 6 sculpteurs français, une Suissesse et se sont associés à 9 artistes tunisiens.

Le groupe a conçu un projet de haute valeur. Cinq jours de résidence et de réflexion à Dar Sebastian au Centre culturel international de Hammamet. Quelques uns se sont liés des affinités, de petits groupes se sont formés et puis... direction Henchir Lihoudia, où un mécène leur a offert de la ferraille qu'ils ont transformée en sculpture. Le résultat est une douzaine d'œuvres exposées au Parc du Belvédère devant le Centre national d'Art vivant, à Tunis.

Oeuvre de Guillaume Durost exposée au au Parc du Belvédère à Tunis.

Les sculptures en fer représentent des branches en hauteur, un palmier, trois œuvres à même le gazon courbes, en forme de sein à l'endroit ou des bols larges à l'envers ont été exécutées et déposées sur le gazon.

Où l'on constate que tous ces créateur brûlent d'activer une coopération entre les différentes communautés, une phrase prononcée par l'un d'eux résume cette action : «Si vous trouvez ça sublime, c'est que nous avons partagé réellement notre passion. Ce travail sort du cœur».

Notre réponse est sans appel: «En effet, c'est un travail sublime».

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