Le pont de Marsa plage été définitivement détruit, samedi 3 mai, alors qu’aucune information de la part des autorités n’a été communiquée aux habitants de La Marsa.
Ces derniers ont été d’autant plus surpris qu’un arrêté du tribunal administratif a interdit les travaux sur ce pont qui a valeur de patrimoine historique et auquel beaucoup des habitants de cette station balnéaire au nord de Tunis sont très attachés et l’ont fait savoir à plusieurs reprises. Des poursuites pénales en vue Le pont de La Marsa fut construit pour la première voie ferrée tunisienne, reliant Tunis, La Goulette, à la Marsa (TGM). Cette ligne de chemin de fer fut inaugurée le 2 août 1872 par Sadok Bey bien avant la colonisation et fait partie de la mémoire collective. Les travaux de démolition était pourtant arrêtés par une décision du Tribunal administratif. L’arrêté du tribunal administratif interdisant les travaux sur le pont, en attendant les résultats de la procédure judiciaire sur le fond de cette affaire, a fait suite à une plainte contre la délégation spéciale de La Marsa pour abus de pouvoir déposée par l’Association de sauvegarde de la ville de La Marsa (ASVM) et soutenue par des associations, citoyens et commerçants de La Marsa. Pour rendre son verdict, le tribunal administratif s’est appuyé sur une expertise de l’Institut national du patrimoine (INP) attestant la valeur «patrimoniale» du pont et la nécessité de sa restauration, le décret-loi n° 2011-41 du 26 mai 2011, relatif à l’accès aux documents administratifs des organismes publics (vu que la délégation spéciale a refusé de communiquer les documents réclamés par la société civile), l’article 139 de la nouvelle constitution de la république tunisienne qui impose «les instruments de la démocratie participative et les principes de la gouvernance» aux autorités locales. En autorisant la reprise des travaux en ignorant l’arrêté du tribunal administratif, le ministre de la Culture, le Gouverneur de Tunis et la Municipalité de La Marsa s’exposent par ce fait à des poursuites pénales. Maquette du nouveau pont de La Marsa plage. Les ambiguïtés du ministère de la Culture Les personnes proches du dossier considèrent, par ailleurs, que le ministre de la Culture (qui avait, le 10 février 2014, demandé, lui aussi, l’arrêt des travaux, considérant que ce pont devait être classé car faisant parti du patrimoine), «a outrepassé la commission nationale du patrimoine qui ne s’est pas encore réunie pour statuer sur l’avenir de ce pont», en autorisant la reprise des travaux, qui plus est, «sans en informer les associations, citoyens et commerçants opposés au projet démolition du pont». «Une demande écrite de la part de l’ASVM avait été pourtant communiquée le 3 mars 2014 au ministre de la Culture pour proposer et discuter d’alternatives plus adaptées au projet de démolition du pont. Elle est restée sans réponse», ajoute un Marsois proche du dossier. Qui n’omet pas de pointer du doigt le gouverneur de Tunis, récemment nommé, qui n’a pas eu, lui aussi, d’objection à la reprise des travaux. I. B. (avec communiqué). |
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