Process, un projet pour installer des passerelles entre les décideurs en entreprises et les créateurs designers, ingénieurs et marketeurs. Ou le design au service de l'entreprise...
Par Anouar Hnaïne
C'est l'histoire de deux amies ou plutôt deux femmes complices en art, généreuses de nature. L'une est architecte designer, l'autre est enseignante à HEC Carthage et à l'Ecole Polytechnique de Tunisie.
Amitié, complicité, passion commune...
Mamia Taktak, dont la pratique ne cesse de gagner en raffinement, gère une agence Dzeta, et Fatma Kilani est férue d'art, collectionneuse discrète, dont les expériences gagnent en intensité. Elles ont coordonné leurs énergies pour créer une association au nom de Process, dont l'objet est de promouvoir le design local. Dit autrement, elles veulent installer des passerelles entre les décideurs en entreprises et les créateurs designers, ingénieurs et marketeurs. Ou le design au service de l'entreprise.
Vaste champs dans lequel les deux protagonistes ont investi efforts et ingéniosité, l'une et l'autre ont sillonné le pays à la recherche des têtes pensantes et des têtes créatives pour les réunir en un seul projet: la création d'objets domestiques locaux, utiles et beaux.
Conjugaison de synergies, partage des connaissances, transmissions du savoir, tel se dessine l'objectif de Process.
Départ en fanfare de Process, Competition2014, un concours à thème ouvert, intitulé ''l'Objet domestique de demain'', dans lequel s'inscrit une exposition qui distingue 3 projets lauréats.
Contacts suivis avec les entreprises innovantes, neufs d'entre elles se sont engagées à encourager l'initiative et investir dans cette compétition biennale. Cotuplast, leader dans l'emballage alimentaire en matière de plastique, Deyma, spécialisé dans l'emballage et l'exportation des produits alimentaires, et dans l'art de la table, Dorémail ou la faïence dans tous ses états, Duravit interroge la salle de bain et ses accessoires, KBR, travaille sur le mobilier et l'objet, Fatales, leader dans les produits de parfumerie, VI s'occupe de la nature, particulièrement son mode écologique, MTC ou Marbrerie Tunis Carthage choisit le thème du calpinage graphique et volumétrique, La Pétillante, qui surfe sur les succès, s'engage dans le recyclage de ses emballages.
Le design, un métier en devenir
Neuf candidats ont imaginé neuf projets innovants, neuf stands et des inventions pratiques dans le mode de vie et le quotidien. Ces créateurs designers ont planché sur les sujets, les rêveurs utopistes se sont frottés aux ingénieurs réalistes. En fin de course, ils ont élaboré des objets issus de matériaux locaux, avec des machines locales, faisables en Tunisie, ce qu'on appelle un «label tunisien». Une exposition a été montée dans la chapelle de l'HEC de Carthage, beaucoup de visiteurs, des curieux et évidemment des étudiants.
L'anti-datteur de Myriam Melliani (Deyma): un kit de crèmes à base de dattes et un outil dénoyauteur.
Le lendemain dans les mêmes lieux, un colloque d'envergure internationale, s'est tenu, portant sur le design et l'innovation. Un panel de spécialistes a pris part à cette rencontre modéré par Zied Limam, éditeur et fondateur d'''Afrique Magazine''.
Plusieurs intervenants spécialisés, des sujets de haute facture, un public apparemment intéressé, des enseignants participatifs, des étudiants à l'écoute. Une matinée chargée d'analyse, d'approches savantes du design sous toutes ses facettes, riche en matière.
Remise des Prix de Process Competition 2014. Le jury composé de notoriétés nationales et internationales a choisi les 3 projets suivants: Carrare Slash, de Emna Charfi ( MTC) pour la salle de bain en marbre sans outils de perçage ni de vissage. L'anti-datteur de Myriam Melliani (Deyma), pour un kit de crèmes à base de dattes et un outil dénoyauteur et le Paravent-Origami de Randa Attia (KBR), un paravent créatif, ludique, robuste et respectueux de l'environnement.
Succès éclatant de la première opération Process, constat encourageant, à tel point que Fatma Kilani dut changer de calendrier, «la manifestation, sera annuelle et non pas biennale», nous confiait-elle.
Illustration: Vue du colloque.
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