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Vendredi 28 novembre 2014. L'ambassadeur du Portugal a invité dans sa résidence une brochette de poètes et quelques journalistes pour une soirée culturelle.

Par Anouar Hnaïne

Des écrivains des deux rives et des étudiants en portugais ont participé à première rencontre de ce genre. «Nous voulons instituer une tradition d'échanges entre les poètes et écrivains des deux pays», nous annonce l'ambassadeur du Portugal, grand amateur d'art et de poésie.

Devant le micro, les invités se sont succédé, déclamant leurs textes ou des poèmes d'auteurs célèbres. Les écrivains portugais, il faut l'avouer, sont peu connus des amateurs tunisiens, pourtant le Portugal foisonne d'écrivains, de poètes parmi lesquels le pape de la littérature lusitanienne Fernando Pessoa (1888-1935)) ou le prix Nobel José Saramago, personnalité majeure des lettres portugaises, dramaturge, écrivain et journaliste (1922-2010) ou encore le poète médiéval Luis de Camoes (1525-1580).

Du côté tunisien, les invités ont choisi Mahmoud Messaadi, Adam Fethi, lu par Mounir Hentati, qui taquine la muse à sa façon. La chanteuse Sonia M'Marek a choisi un poème de Mnaouar Smadeh, «un poème que j'ai chanté et qui m'a particulièrement habitée», dit- elle. L'ambassadeur a lui-même mis la main à la pâte, lisant un texte de Pessoa. Emotion. Leila Toubal, comédienne et figure de la scène théâtrale a déclamé un de ses propres textes, tiré d'une scène de la pièce ''Monstranum's'', décrivant des scènes du 14 janvier 2011, phrases poignantes, chuchotement, voix mourante, silence. La création est du théâtre El Hamra.

Concentration et applaudissements nourris. L'assistance est ravie, et ça continue avec un extrait assez cocasse de Saramago lu par Luis Faro Ramos. Ce jeune auteur prolifique, né au Mozambique, vivant au Portugal, est invité en qualité d'écrivain résident à Tunis. Son texte lu provoqua des rires et des exclamations.

L'ambassadeur nous déclare : «On devrait continuer ce type d'action, ça raffermit les amitiés entre poètes, et puis... franchement, ça ne coûte pas cher». En effet, il suffit d'un peu de volonté, des idées et les gens de lettres pourraient jeter des ponts entre leurs pays.

Le poète Moez Majed a fait une lecture de ses courts poèmes inédits, des textes libres dédiés à Tunis, La Goulette, Aspis et Kairouan.

Hatem Bouriel, qui a plusieurs cordes à son arc, a composé et déclamé quatre textes comme ode au gens du Portugal «Pedro», Fado, Lisbonne et Auto psychographie en clin d'oeil à un célèbre poème de Pessoa.

Arabe classique, dialecte tunisien, français et portugais se sont mêlés en se chevauchant. Trois langues, une seule thématique: l'amour. Et en apothéose ''La volonté du peuple'' de Aboul-Kacem Chebbi, traduit et interprété par Isabel Gaspar (initiatrice de cette rencontre), Adelino da Silva et Ghassen Ben Ammar en arabe.

Chebbi scandé en deux rythmes, en deux langues, par trois voix ou l'union des peuples à travers la poésie. Ovation, la soirée est réussie. Une première rencontre «qui aura des suites», nous confie, l'ambassadeur, enthousiaste.

Illustration: De gauche à droite et de haut en bas: Fernando Pessoa, Aboul-Kacem Chebbi, Mahmoud Messadi, Adam Fathi, Jose Saramago.

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