Une pétition intitulée «Appel pour la défense de du site culturel de Carthage-Sidi Bou Saïd, Patrimoine de l’humanité», œuvre de Jellal Abdelkafi (urbaniste) et Abdelmajid Ennabli (archéologue), circule sur la Toile depuis le 3 février. En voici le texte…


«La Carthage antique et le village historique et traditionnel de Sidi Bou Saïd, site culturel par excellence, magnifiquement intégré dans les paysages du golfe de Tunis font partie intégrante de la mémoire des peuples de la Méditerranée.
Soucieux du devenir de ce site de près de 400 hectares, au moment où les poussées de l’urbanisation perturbaient les territoires, le ministre de la Culture de la république tunisienne et le directeur général de l’Unesco lançaient en 1972 la campagne internationale de fouilles ; ce qui a permis de mettre au jour nombre de vestiges et de mieux comprendre l’histoire urbaine aux époques punique et romaine.
Les découvertes ont été spectaculaires et au vu de ces résultats, l’Unesco inscrivait Carthage-Sidi Bou Saïd sur la Liste du patrimoine mondial de l’humanité en 1979.
Le site a fait l’objet en 1985 d’une procédure de classement définissant les zones non aedificandi – c’est-à-dire non constructibles – en vertu de «l’intérêt archéologique, historique, esthétique et naturel».
Cette consécration juridique nationale et internationale n’empêche pas que le site soit, aujourd’hui, en 2011, en péril, faute d’approbation du Plan de protection et de mise en valeur finalisé en 2000.
En effet, et malgré les inquiétudes de l’Unesco et les mises en garde des archéologues et urbanistes, de nombreuses atteintes à ce patrimoine ont été commises par les membres des familles liées au régime déchu qui ont obtenu:
- le déclassement d’une vaste zone du territoire archéologique pour construire un complexe immobilier aux fins spéculatives, les «Résidences de Carthage» ;
- la dérogation de construire dans des zones non aedificandi l’accaparement de palais et demeures historiques ainsi que de pièces du patrimoine.
C’est ainsi que des personnes protégées par le régime déchu avaient détourné le domaine public de l’Etat à leur seul profit, avec le consentement de l’administration portant ainsi une grave atteinte aux richesses patrimoniales du pays.
A travers la presse nationale et internationale qui s’est déjà fait l’écho de ces malversations, l’opinion réclame maintenant et, toutes affaires cessantes, enquêtes, justice et réparations des dommages causés au site.
Les nécessaires enquêtes administrative et judiciaire permettront à la commission nationale chargée des affaires d’abus de pouvoir, de détournement de biens et de corruption, de mettre en évidence les responsabilités des uns et des autres et de procéder à des poursuites judiciaires.
En attendant la mise en œuvre de ces procédures, les soussignés appellent M. le ministre de la Culture à prendre, en urgence, les mesures suivantes :
- la mise sous séquestre des biens détournés ;
- la suspension de tous les travaux de construction illégale en cours dans le site archéologique de Carthage et le village de Sidi Bou Saïd ;
- l’engagement de la procédure d’approbation du Plan de protection et de mise en valeur du site de Carthage-Sidi Bou Saïd ;
Que toutes celles et ceux qui sont indignés par le détournement des biens publics ;
Que toutes celles et ceux qui ont à cœur la transmission de ce patrimoine culturel universel aux générations futures apposent leurs nom, qualité et signature sur la présente pétition.»

Jellal Abdelkafi (urbaniste) et Abdelmajid Ennabli (archéologue).

Pour signer la pétition.