Le Kef Bnniere

Mercredi 19 février 2015, ''Le Kef, Sicaveneria'', film de Walid Tayaa été projeté au cinéma Mad'Art. Salle pleine, amateurs et jeunes cinéastes au rendez-vous.

Par Anouar Hnaïne

Voici un documentaire-fiction qu'on pourrait conseiller à tous le monde, petits et grands, responsables des ministères, aux premiers desquels ceux de l'Emploi et du Tourisme, travailleurs ou chômeurs.

Pas plus d'une vingtaine de minutes, pas de surcharge inutile, juste ce qu'il faut d'images, de paroles. Vous n'entendrez pas de chants du muezzin quasi présent dans les films locaux, ou la darbouka tonitruante mais un chant keffois authentique qui parcourt l'image tout au long du film.

''Le Kef'', film de Walid Tayaa, jeune cinéaste qui a de l'avenir devant lui, n'hésitons pas à le dire, est une œuvre d'utilité publique. Equipe serrée, et scénario de Adel Achour corseté. La production est de Adel Achour aussi, et le financement provient du Royaume des Pays-Bas et de l'Organisation internationale du travail (OIT). De quoi s'git-il?

Walid Tayaa Le Kef

Walid Tayaa.

Une courte histoire de paysages du Kef, plutôt d'hommes et de femmes qui ont monté des projets à la hauteur de leur rêve ou encore d'une leçon pour jeunes chômeurs rêvant de quitter leur région pour traverser la mer à la recherche d'un avenir meilleur. Il n'y aura pas de traversée, pas davantage de descriptions de l'immigration, mais une fiction légère qui retient l'attention.

Un jeune (Bilel Brik) est prêt à partir. Barda sur le dos, il rend visite à un vieux du village (Mongi Ouerfelli), qui vit dans un confort rudimentaire. Il lui fait part de son projet de partir. Le vieux, en singe sage, lui demande alors un service qui lui tient à cœur : lui ramener une photo de chez X.

Un long travelling tout en courbe et couleurs mates nous mène vers une dame flanquée de deux chiens, Basma, propriétaire Dar Sidi Abdallah, assise dans son jardin vert, fleuri. Elle raconte son histoire, des décennies à Tunis à travailler, puis elle choisit le Kef où elle crée son projet de gîte rural. Elle détaille les avantages de sa nouvelle vie, des hôtes avec lesquels elle partage le quotidien. La photo? Elle donne l'adresse d'un autre Keffois, Moez Ben Dhiaf, lequel tient une ferme biologique. Il raconte lui aussi sa vie, ses études, ses stages, ses voyages, son exil, et explique les mérites de son village, ses fruits et légumes biologiques, bref sa vie dans la région, accomplie, inégalable, étincelante.

Et la photo? Un nouveau travelling nous dirige vers Salem Zouari, à Hammam Mellègue. L'homme décrit les vertus de l'eau depuis les Romains qui ont construit ce temple d'eau. Homme d'expérience, de dialogue et surtout d'une tolérance remarquable.

Et la photo? Se trouve-t-elle chez Ammar Thligène, qui se trouve sur la table de Jugurtha? Lui aussi nous raconte des belles histoires. Retour vers la grotte...

Ah ! la photo? Elle est probablement chez un autre Keffois, Ammar Belguith, qui a choisi la nature comme cadre de vie. Il se déclare artiste. Artiste? Oui, à sa façon: la nature est l'objet de sa création, de sa vie; il peint sur les murs de la grotte, met de l'eau en bouteilles, pas de l'eau ordinaire, une eau d'amour, dit-il, il lui donne un nom et des indications, lui attribue des vertus, etc.

Salle Mad Art

Public de la salle Mad'Art après la première du film ''Le Kef''.

Et la photo? Le voyage continue dans l'arrière-pays, hauts plateaux, bosquets d'arbrisseaux, pins d'Alep, reliefs d'une beauté éblouissante. La table de Jugurtha qui domine les hommes et la nature. Des richesses méconnues. On imagine le cours de la vie, les projets à construire.

Ce court documentaire incite fortement les jeunes à se fixer dans ce paradis pour peu que les autorités les poussent à bouger, les encouragent à monter des projets.

Et la photo? Nous vous laisserons la découvrir. Le film, avant d'entamer des voyages, est mis en ligne sur Internet à partir du vendredi 20 février 2015.

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