Dans une «Déclaration» qu’il a fait parvenir à Kapitalis, l’actuel directeur général de l’Alecso souligne que «les déclassements se font par décrets et sont donc signés par le président de la république.» Mais tout en concédant que «la procédure juridique et administrative de promulgation et de mise en application d’un décret impose l’implication du ministre concerné», M. Ben Achour ajoute que le déclassement du site de Carthage-Sidi Bou Saïd «a pris la forme d’une injonction présidentielle et que le décret a été préparé sans [son] avis préalable».
L’ex-ministre ajoute que «sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali, tout ce qui concernait les opérations foncières de Carthage-Sidi Bou Saïd était le domaine réservé du Président». Autre témoignage, tardif certes, mais utile: «Les bénéficiaires de l’opération de déclassement en question avaient grâce à leurs liens de parenté un accès direct au chef de l’Etat et, bien entendu, ils n’ont pas manqué d’exploiter ce privilège exorbitant sans avoir à solliciter le ministre concerné.»
Traduire : M. Ben Achour n’a fait qu’exécuter des ordres présidentiels. Le seul coupable est donc, on l’a compris, l’ex-dictateur. De quoi se poser les questions suivantes: si la mission d’un ministre sous Ben Ali se résumait à exécuter des ordres, de simples chaouchs n’auraient-ils pas mieux fait l’affaire? Pourquoi M. Ben Achour, avec toutes les compétences et les mérites qu’il s’attribue lui-même dans sa déclaration, a-t-il accepté une mission aussi avilissante, surtout pour un universitaire qui a consacré sa vie à la sauvegarde du patrimoine?
Il est toujours facile de crier son innocence après coup, quand le mal est fait et que le coupable idéal est déjà désigné.
R. K.