comar d'or
La soirée d’attribution des prix Comar d’Or du roman tunisien s’est déroulée, samedi 24 avril, au Théâtre de la ville de Tunis, en présence de M. Raouf Basti, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, de Saloua Tarzi Attia, présidente de l’Union nationale des femmes tunisiennes (UNFT), de Rachid Ben Yedder, président du groupe El Amen, dont la compagnie d’assurance Comar est l’un des fleurons, et des personnalités du monde des lettres, des arts et des médias. Parmi les moments forts de cette soirée, l’hommage-surprise rendu par le romancier Faouzi Mellah, lauréat du Comar d’Or du roman tunisien en français pour son livre ‘‘Le Transfert des cendres’’, à Rachid Ben Jemia, PDG des compagnies Comar et Hayett, et créateur des prix Comar d’Or. Nous reproduisons, ici, ce bel hommage d’un romancier à un assureur féru de cinéma, de littérature et de bel canto. Le geste n’est pas anodin ni fréquent en Tunisie. Il mérite donc d’être souligné et mis en exergue.


Mesdames, messieurs,

Chers amis,
Ce Comar d’Or que vous avez la gentillesse de me décerner ce soir m’honore bien évidemment. Je vous en remercie.
Cela dit, si vous me permettez une petite touche intime, j’aimerais ajouter que, ce soir, je suis particulièrement ému car, au-delà de ce prix, je suis en train de vivre, là, devant vous, une espèce de boucle magique…
En effet, je reçois, ce soir, une distinction culturelle des mains de l’homme qui, il y a plus de 40 ans, m’a initié à la culture. L’homme qui, il y a plus de 40 ans donc, l’a inoculé, avec beaucoup de générosité et de fraternité, le doux venin de la littérature, du cinéma et de la conversation…
Cet homme, c’est Rachid Ben Jemia, Monsieur Rachid Ben Jemia !
D’ailleurs, j’aimerais profiter de cette tribune qui m’est offerte ce soir pour faire quelques retouches au portrait que les gens se font habituellement de Monsieur Rachid Ben Jemia.

Faouzi Mellah et rachid Ben jemiaBeaucoup de Tunisiens pensent, en effet, que Monsieur Rachid Ben Jemia est un homme d’affaires qui s’égare de temps en temps dans le monde de la culture. Or, ceux qui le connaissent de longue date savent que c’est exactement le contraire ; ils savent que Monsieur Rachid Ben Jemia est un homme de culture égaré dans le monde des affaires ! Certes pour le bonheur de ses actionnaires, de ses associés et de ses collaborateurs, il a bien réussi dans ce monde là, mais cette couche de sa personnalité n’a jamais réussi à effacer l’autre : celle de ce jeune homme qui, dans les années 60, alors qu’il n’était encore qu’un simple étudiant, réussit à animer toute une banlieue et à éveiller toute une génération en fondant le 1er ciné-club de la Marsa ! A l’époque, nous sommes au milieu des années 60, ce n’était pas une mince affaire ! C’était même une forme d’aventure !
Or, ce soir, c’est à ce jeune homme là que je pense avec beaucoup d’émotion et de respect car je sais que ni l’argent, ni le prestige, ni les responsabilités n’ont réussi à le changer : Rachid fut un éveilleur de conscience ; il le reste. Rachid s’est battu pour la culture ; il continue de le faire…
En tout cas, je ne connais pas beaucoup d’hommes d’affaires et de PDG tunisiens capables de vous parler aussi bien que lui des films de Jean-Luc Godard, des scénarios de Youssef Chahine, des livres de Jean d’Ormesson, de la voix de Oulaya ou du talent de Leila Hjaiej.
Pour tout ça, Monsieur Rachid Ben Jemia, peut-être plus que pour le Comar d’Or que vous avez eu la belle idée de créer, je veux vous exprimer ce soir toute la reconnaissance et ma fierté de vous compter parmi mes amis…
Et surtout, surtout, ne changez pas… car, quand je vous regarde, c’est toute mon adolescence et celle de beaucoup de Marsois que je vois… Et ça, ça n’a pas de prix !!! Merci.

 

Faouzi Mellah