La rencontre avec les lauréats du prix Comar d'or 2015, vendredi 9 mai 2015, a été une occasion pour le public d'échanger avec les écrivains lauréats, ces «passeurs du plaisir».

Par Hamadi Abassi

Fidèle à une tradition parfaitement établie, le palmarès des prix Comar d'or 2015, annoncé le 25 avril dernier, lors d'une cérémonie tenue au Théâtre municipal de Tunis, a plébiscité une nouvelle cuvée de lauréats après une sévère sélection effectuée par un jury composé d'éminents universitaires et critiques littéraires. Loin de toute complaisance et d'esprit de facilité, ces lecteurs avertis se sont appliqués à faire de cette fête du livre un évènement déterminant dans le monde éditorial tunisien.

L'année Chokri Mabkhout

Chaque session des Comar d'Or relève d'une fructueuse prospection littéraire, car il ne s'agit pas de consacrer des auteurs pour leurs efforts méritoires, mais de nous proposer un cru fameux, récolté parmi une pléthore de manuscrits en lice pour la fameuse récompense. Un véritable travail de prospection, pour déceler le filon aurifère susceptible de capter l'attention du lecteur tunisien en apparence blasé, ou indifférent. Le réconcilier avec la lecture à travers une palpitante et fructueuse exploration sémantique et lexicale, empreinte de fascinations renouvelées.

Chokri Mabkhout, Comar d'or du roman arabe, a été le grand absent de la rencontre. Et pour cause: il était à Abou Dhabi pour recevoir le Booker Prize du roman arabe.

Tout au long des dix neuf sessions qui jalonnent le parcours des Comar d'or, la proclamation du palmarès est suivie d'une rencontre informelle entre les auteurs et le public, pour échanger et susciter des désirs de découvertes.

Vendredi dernier, 9 mai 2015, la rencontre s'est tenue dans une ambiance marquée par l'absence d'un brillant gagnant, le Comar d'or du roman en langue arabe, Chokri Mabkhout, pour son roman évènement ''Ettaliani'' édité chez Dar Ettanouir. Cette consécration nationale a été prolongée par une autre, sur le plan international, le Prix Booker 2015, la principale distinction littéraire dans le monde arabe, financé par l'Etat d'Abou Dhabi. Cet ouvrage polémiste, interdit dans ce pays du Golfe, a vu cette sanction levée par la commission de contrôle sur les publications aux Emirats arabes unis.

Pour Chokri Mabkhout, le rêve se poursuit car, outre la prime conséquente qui vient de lui être octroyée (50 millions de dollars), ''Ettaliani'' connait des ventes vertigineuses et des propositions flatteuses de traduction en langues étrangères.

Les orfèvres des mots

Pour les Comar d'or 2015, c'est l'année du plébiscite, car un bonheur n'arrive jamais seul: Anouar Attia propose dans la section en français une fiction cousue de fil d'or, intitulée ''Les Trois Grâces''. En orfèvre des mots, l'auteur cisèle avec bonheur une langue épurée et élégante pour nous proposer une œuvre maitrisée, foisonnante, chargée de belle humanité.

Frappée par la clarté de ses propos et son sens de l'analyse, l'assistance séduite, se laisse embarquer sans réticence, pour un agréable échange avec un excellent auteur pétri de belles qualités humaines et de pudeur.

Autre intervenant au cours de cette rencontre, Jamel Sassi (Prix spécial du jury) en langue arabe pour son roman ''Bey El Orbane'' (Le Bey des Bédouins), une fresque humaine qui mélange subtilement la réalité historique et la fiction.

Débat sur l'actualité du roman tunisien entre les romanciers, les critiques et les universitaires.

Nabil Guédiche (Prix Découverte) en langue arabe avec ''Abed Echams'' (Le Tournesol), lui emboite le pas pour parler de son roman qu'il présente comme une réflexion sur le passage initiatique entre la vie et la mort et le rapport qu'il entretient avec l'écriture.

Sami Mokadem avec son roman ''Dix neuf'' (Prix découverte 2015) en langue française nous parle de son thriller, où la fiction se mélange à des références historiques, mythologiques, artistiques et scientifiques, pour élucider une mystérieuse équation mathématique cachée dans une partition musicale. Une entreprise narrative spécifique, qui possède ses propres règles et codes.

Malgré le nombre restreint du public, la rencontre avec les lauréats Comar d'or 2015 suscita beaucoup d'intérêt parmi l'assistance avide d'échanger, mais surtout de mieux connaître ces écrivains, «passeurs du plaisir».

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