Coucou, la revoilou! Toujours pimpante et bonne pour le service, tous régimes confondus: l’ancien, l’actuel et le futur. Qui pourrait empêcher l’increvable Syhem Belkhodja de faire son cinéma?
En général, il faut 5 à 6 mois pour préparer, dans les règles de l’art, un festival international. Cette année, les évènements survenus en janvier ne laissaient guère prévoir qu’une manifestation de l’envergure de Doc à Tunis pouvait avoir lieu. Pourtant Syhem Belkhodja et son équipe ont tenu à organiser pour la sixième fois consécutive ce festival dédié au documentaire, qui sera consacré cette année (qui l’aurait imaginé ?) à la révolution.
Doc à Tunis se tiendra donc du 20 au 24 avril et animera comme d’habitude les salles obscures de la capitale, inanimées le reste de l’année.
Reportages vivants à petits budgets
Il faut du courage, de la détermination et quelques coups de pouce salutaires pour réussir une manifestation culturelle à but non lucratif, car l’accès du public a toujours été gratuit et l’entrée sur invitation, document facile à se procurer, puisqu’il suffit de se présenter au guichet du Théâtre municipal de Tunis deux jours avant l’ouverture, prévue pour le mercredi à 18 heures dans la bonbonnière de la capitale.
Les films qui seront projetés reflètent tous l’idée que le documentaire est surtout un cinéma d’auteur. Ce sont des reportages vivants produits par des petits budgets dans le but d’associer le spectateur à la réflexion, à le pousser à agir et réagir aux évènements qui l’entourent, comme ceux que la Tunisie a vécus ces derniers temps. Le mot «reportage» est traduit en arabe par «enquête» or ce terme sous-entend une investigation et pourtant le documentaire est loin d’être une solution à des énigmes. C’est simplement un constat des faits qui se produisent tous les jours, une sorte de miroir de la vie quotidienne que nous vivons avec tous ses aléas, heurs et malheurs.
Doc à Tunis sera donc consacré cette année à la révolution. On verra des documentaires filmés le jour où tout le peuple tunisien scandait le départ de Ben Ali. Des documentaires filmés dans le but de servir d’images frappantes de ce grand événement car le documentaire est avant tout une précieuse source d’information que l’on classe dans des archives et que l’on peut revisiter à chaque instant. C’est en fin de compte un témoignage oculaire vivant qui peut informer les futures générations.
Une belle affiche pour la Tunisie
Doc à Tunis est un festival à petits moyens, son budget avoisine les 80.000 dinars mais ses ambitions sont énormes. C’est une fenêtre ouverte au monde entier où des cinéastes peuvent s’exprimer en toute liberté.
C’est aussi une image de la Tunisie qui reprend ses forces, un signe qui montre que le peuple tunisien est confiant dans l’avenir, qu’il tient sa destinée en main, qu’il n’a pas peur des courants subversifs qui déferlent un peu partout. Une belle affiche pour la Tunisie, terre d’accueil et destination pour les touristes qui cherchent à passer des vacances paisibles.
Concernant ce rôle de vitrine, on peut compter sur Syhem Belkhodja, qui a toujours su le jouer, en Tunisie et à l’étranger, avec l’aide des institutions publiques comme les ministères de la Culture, du Tourisme et de la Jeunesse, mais aussi de l’Agence tunisienne de communication extérieure (Atce).
Ali Ben Mabrouk