Dans le cadre de l’Octobre musical, à l’Acropolium de Carthage, le 17 octobre, a eu lieu un concert de violon et de piano pour faire coexister plusieurs voix (et cultures) en parfaite harmonie.

Par Emmanuelle Houerbi


Ce 17 octobre, le violoniste Nidhal Jebali et le pianiste Kimball Gallagher se sont produits en concert à l’Acropolium dans le cadre de l’Octobre musical. L’occasion d’écouter un de nos jeunes talents et de découvrir l’association américaine «Cultures in harmony». Son objectif : «Unir les peuples au travers de la musique».

Nidhal Jebali, étudiant en 2ème année au sein de la prestigieuse Indiana University Jacobs School of Music aux Etats-Unis, se produit régulièrement en concert en Tunisie. Ce 17 octobre, dans le cadre de l’Octobre musical, il a interprété avec l’américain Kimball Gallagher des œuvres de Debussy, Wieniawski et César Franck, ainsi qu’une de ses compositions : «Métamorphoses».

Concert après concert, le public a le plaisir de voir ce jeune violoniste et compositeur évoluer rapidement, profitant au maximum de son séjour outre-Atlantique et des enseignements de maîtres prestigieux.

Nidhal Jebali : une «success story»

Tout a commencé pendant l’été 2005. William Harvey, violoniste américain diplômé de la Juilliard School à New-York et fondateur de l’association Cultures in harmony, était pour la première fois en tournée en Tunisie. Après avoir entendu Nidhal Jebali, alors âgé de 15 ans, dans le 4ème concerto de Mozart, il est convaincu d’avoir détecté un jeune talent. Sur ses conseils, Nidhal participe pendant l’été 2006 à la Summer String Academy (stage musical pour instruments à cordes) de l’université de l’Indiana, dirigée par la violoniste Mimi Zweig.

Pour la petite histoire, Nidhal est le premier élève venu d’Afrique, et sa présence soulève une foule de questions «insolites» : «Tu viens d’Afrique ? Mais tu n’es pas noir !»; «Avez-vous des voitures ou vous déplacez-vous à dos de chameau ?»; « Etes-vous des terroristes ?». Cinq ans après, il en rit encore. Heureusement, Nidhal est sociable, sympathique, et cette première expérience est un succès, qu’il renouvellera les deux étés suivants.

Puis en 2009, place aux choses sérieuses. Après avoir passé son bac, Nidhal obtient de nouveau une bourse, mais cette fois-ci pour partir étudier le violon à la prestigieuse Indiana university Jacobs School of Music. Et l’été dernier, avant d’entamer sa deuxième année d’études, Nidhal a participé avec une autre jeune violoniste tunisienne, Senda Zayati, au New York Summer Music Festival. Une nouvelle expérience inoubliable et riche d’enseignements.

Dépasser les frontières grâce à la musique

Si Nidhal a eu une chance unique (et beaucoup de mérite !), il n’est pas le seul à avoir bénéficié du soutien de l’association et de l’ambassade américaine pour épanouir son talent. Chaque année depuis 2005, des professeurs et concertistes américains traversent l’Atlantique pour donner des concerts, animer des master-class et participer à des stages musicaux en Tunisie.

Comme cet été, lors de l’Atlas Music Academy à Beni Mtir, où Kimball Gallagher a dispensé ses cours à plus de 30 jeunes pianistes, entouré de la pianiste turco-tunisienne Fusun Regaieg et du Polonais Lech Furdyna. Un exemple parfait d’harmonie et de mélange des cultures autour d’une même passion : la musique.

Plus généralement, depuis sa création en 2005, Cultures in harmony a mené une vingtaine de projets dans plus de 10 pays et formé une cinquantaine de musiciens (de toutes origines, et en majorité des femmes) qui sillonnent le monde au gré des projets et des besoins sur le terrain. Véritables «ambassadeurs musicaux» chargés de promouvoir l’échange des cultures et de forger une image positive des Etats-Unis dans le monde.

La musique pour réussir la transition démocratique ?

Après les révolutions arabes, Cultures in harmony est décidée à soutenir la transition démocratique en Tunisie et en Egypte. L’accent sera mis sur la musique de chambre, la direction d’orchestre, la composition, et sur l’organisation d’une «caravane musicale» à travers des régions. Ce projet ambitieux s’intitule «Connect Cultures through Counterpoint», en référence à cette discipline musicale délicate dans laquelle plusieurs voix coexistent en parfaite harmonie. Sur son blog, William Harvey, le fondateur de l’association, se réjouit : «La collaboration avec la Tunisie est plus ancienne et plus profonde qu’avec aucun autre pays.

Figurant dans le premier projet en 2005, les échanges n’ont jamais cessé, et 10 musiciens américains se sont rendus en Tunisie à ce jour. Grâce aux nombreux donateurs et à l’ambassade américaine à Tunis, qui a soutenu et continue à soutenir cette initiative ambitieuse».