Du hip hop au stambali en passant par le blues, le funk, la world music et l’humour… Tel est le cocktail concocté par la Fondation Mo Ibrahim pour fêter, le 11 novembre à la Coupole d’El Menzah, la première démocratie dans la région.


Ce concert a été annoncé il y a un peu plus de trois mois par Mo Ibrahim en personne. C’était lors d’une conférence de presse donnée le 22 juillet au siège du Premier ministère à la Kasbah alors qu’il était en visite en Tunisie pour rendre hommage à ceux qui ont déclenché le premier printemps arabo-africain. Il faut qu’il y ait une fête, car déboulonner un dictateur après 23 ans de pouvoir familial absolu n’est pas chose facile, avait-il alors dit.

Ce jour-là, Mo Ibrahim a adressé un message fort aux Tunisiens pour qu’ils aillent s’inscrire aux bureaux de vote et ne pas laisser échapper cette chance historique. «Si votre pays réussit, tous les pays africains suivront», a-t-il déclaré. Et d’ajouter que sa fondation va inviter en novembre entre 400 et 500 personnes pour fêter la démocratie, la première du continent qui «a tiré son nom de l’Ifriqiya».

Après la grisaille, place à la fête !


Samia Cherif entourée de Sami Attia et Tahar Cheniti

M. Ibrahim a promis et a tenu ses promesses. Le 11 novembre, les Tunisiens vont avoir droit à la fête. Pour ce, la fondation qui porte son nom a invité une pléiade d’artistes africains. A l’affiche : DJ Cut Killer (Hip Hop), Bendir Man, Badiaa Bouhrizi, le collectif Inti Essout, l’humoriste Lotfi Abdelli et le groupe Pop corn percussion et son stambali. La star internationale Youssou N’Dour et son grand orchestre, «La super étoile de Dakar», donneront un concert inédit aux côtés de plusieurs autres musiciens africains comme Angelique Kidjo (World music) et le Nigérian Keziah Jones (Blue Funk).

Lors de cette soirée qui sera animée par Lotfi Abdelli et Angelique Kidjo, des photos du collectif ‘‘Dégage’’ seront projetées sur écran géant.
Une semaine avant la fête, une conférence de presse a eu lieu aux Berges du Lac. Samia Cherif de l’agence EcomEvent a présenté tout d’abord la Fondation Mo Ibrahim. Créée en 2006, cette fondation remet chaque année un Prix de la bonne gouvernance. «Mo Ibrahim est un ingénieur d’origine soudanaise. Il est considéré parmi les 100 hommes les plus influents dans le monde. Cet homme a fait carrière (et fortune) dans le domaine des télécommunications. Aujourd’hui, il est entièrement tourné vers son continent et veut que les Africains s’en sortent par leurs propres moyens. Car, selon lui, avec le potentiel qu’il a et toutes les ressources dont il dispose, ce continent est capable de s’en sortir grâce à une bonne gouvernance», a expliqué Mme Cherif. Avant d’ajouter que Mo Ibrahim est de plus en plus connecté à la Tunisie et il ne cesse d’exprimer sa fierté d’être si proche de notre peuple. Et c’est pour cela qu’il a décidé d’organiser ce concert africain à Tunis.

L’Afrique chante et danse

Côté artistique, Sami Attia, qui s’occupe de la mise en scène de «l’Afrique fête la démocratie», a présenté non seulement les artistes qui vont meubler la soirée du 11 novembre, entièrement dédiée à la jeunesse tunisienne, mais il a donné aussi un aperçu sur le plan de la scène et la scénographie tout en mouvement et en couleurs. «Il y aura 3.600 places à la Coupole qui sera tout en lumières. Le bal sera donné à 19 heures et se terminera entre 21 heures et 22 heures. Il y aura des surprises. Pour le tarif, c’est  symbolique. 5 dinars pour les jeunes qui vont suivre le concert debout et 10 dinars pour ceux qui seront sur les gradins», a annoncé M. Attia. Et pour finir son intervention, il a invité les internautes à visiter le site web du concert, ainsi la page facebook qui contient tous les détails de l'évènement (jusqu’à la semaine dernière la page a compté 5.530 fans). Les billets sont encore disponibles dans les points de vente suivants : la Coupole d’El Menzah, le centre culturel d’El Menzah 6 et le Théâtre municipal de Tunis. Allez, on se dépêche !

La petite cagnotte du jour sera au Crt

Quant aux recettes, ça y est, elles seront là où il faut et dans de bonnes mains. Elles seront versées dans les caisses de la Croix rouge tunisienne (Crt). «Le Crt s’inscrit dans le développement humain. Depuis la révolution, le Crt a été renforcé par une brigade de jeunes très actifs. Nous avons eu plus de 500 volontaires qui nous ont représentés au sud du pays et ont aidé les réfugiés en fuite de la Libye en guerre», a dit Dr Tahar Cheniti, secrétaire général de l’organisation. Qui a rappelé que le Crt vient d’être couronné par une médaille d’Or en Espagne. «C’est une petite récompense pour avoir démontré la générosité des Tunisiens. Nous avons impressionné le monde. Alors qu’on était en pleine révolution avec son lot de perturbations, nous n’avons pas fermé nos frontières», a-t-il dit. Et d’ajouter qu’aujourd’hui, le Crt est omniprésent dans les régions pour venir en aide aux victimes des inondations. «La logistique lourde est confiée bien évidemment à l’armée, à la protection civile et aux unités de sécurité. Mais nous sommes mobilisés pour apporter des aides en nature, fournir des matelas, des couvertures et des vêtements chauds pour les sinistrés. Nous avons fait appel aux réseaux sociaux pour collecter ces aides. Il y a des réactions spontanées et non politisées», a-t-il dit avec fierté.

Pour faire vos dons, ce n’est pas au siège du Crt de la rue d’Angleterre de Tunis qu’il faut aller, mais au siège central, c’est-à-dire au dépôt de Mégrine, au sud de la capitale, à l’angle de l’avenue de Paris et de celle de la gare. Et que la fête commence avec un esprit de solidarité et d’humanisme. N’est-elle pas la cause principale qui a déclenché la révolution ? Souhaitons que cette première hirondelle fasse éclore le printemps africain !

Zohra Abid