Une pétition citoyenne circule actuellement sur les réseaux sociaux pour dénoncer la fermeture du CinemAfricArt, déjà fermé au public depuis le 30 juin.


Après avoir appris avec concertation la fermeture du CinémaAfricArt, cinéphiles, critiques de cinéma, cinéastes et professionnels du cinéma ont décidé de faire une action pour sensibiliser l’opinion publique et inciter les autorités à intervenir pour éviter la fermeture de cette salle au cœur de Tunis.

Selon Habib Belhedi, gérant de la salle, cette action est spontanée. «Ce sont les amoureux du cinéma qui se sont manifestés. D’ailleurs, lundi, il y a tout un programme sur le cinéma conduit par Euromed et qui se déroulera à l’hôtel Africa, tandis que les projections se feront ailleurs, notamment dans le 7ème Art», a dit à Kapitalis, M. Belhedi qui aurait bien aimé que sa salle soit ouverte au public et accueille cette manifestation.

Dimanche 26 juin, CinemAfricArt a été le théâtre de violences. Des «salafistes» ont protesté contre la programmation de ‘‘Ni Allah ni maître’’ (devenu ‘‘Laïcité Inchallah’’) de Nadia El Fani, brandissant des drapeaux noirs et des slogans hostiles contre les artistes, cassant les vitres et blessant notamment le gérant de la salle. Quelques jours après, le tribunal a condamné ceux qui ont été derrière cet acte de violence. «Pas d’emprisonnement, mais seulement des amendes», ajoute sur un ton navré M. Belhédi.

«La fermeture d’une salle est un drame pour la culture cinématographique et pour la culture en général, surtout dans un pays où elles sont en train de disparaître les unes après les autres», lit-on dans la pétition. Les 1.800 signataires expliquent, dans le texte que nous reproduisons ci-dessous, les raisons qui les ont poussés à bouger.

«Que dire d’une salle qui s’est distinguée par une programmation de qualité, l’unique salle qui abrite un ciné-club hebdomadaire, l’un des rares où on débat de cinéma dans un paysage cinématographique sinistré. Pour toutes ces raisons, nous demandons aux propriétaires de la salle, au ministère de la culture, à tous les amoureux du cinéma et de l’art ainsi qu’à tous ceux qui sont attachés à la liberté :

1) de résister aux dictats de la violence, car la meilleure réponse à ceux qui y ont eu recours est de continuer à faire ce que nous avons fait jusque là : promouvoir l’art, la culture et la liberté d’expression ;

2) d’intervenir afin d’éviter cette perte qui endeuillera le paysage culturel tunisien à un moment où le cinéma et l’art d’une manière générale devraient avoir toute leur place dans un pays qui s’attache à consolider la culture de la citoyenneté. Le Ministère de la culture a une part de responsabilité fondamentale et doit rigoureusement appliquer la loi qui interdit de vouer les salles de cinéma à tout autre usage ;

3) de se mobiliser tous, dans la presse, les médias et les réunions publiques pour la défense de cette salle, emblème de la situation de la culture dans notre pays».

Z. A.