Ce vendredi n'a pas été une journée ordinaire dans la capitale tunisienne avec le démarrage des 15e Journées théâtrales de Carthage (Jtc), qui se poursuivront jusqu’au 13 du même mois.
Cette session est la première après la révolution, ce qui explique que ce festival rend, cette année, un hommage au printemps arabe. Telle est, en tout cas, la volonté des organisateurs et des participants.
La cérémonie d'ouverture a été marquée, vendredi, par une grande parade dont la conception artistique a été confiée au comédien Fathi Haddaoui.
Le cortège s'est rendu de l'Avenue Mohamed V au Théâtre municipal de Tunis, en passant par l'Avenue Habib Bourguiba. Les artistes (musiciens, danseurs, comédiens…) ont interprété des mouvements chorégraphiques au rythme de la musique traditionnelle.
Plusieurs fanfares ainsi que des cavaliers de l'armée nationale, la police et la garde nationale ont conféré une note de solennité à cette parade suivie par un grand public, qui a bravé le froid et le vent fort qui soufflait sur Tunis.
Des artistes italiens ont joué de l'accordéon. Des acrobates de l'Ecole du cirque du Théâtre national tunisien ont contribué à l’animation des rues dans une atmosphère participative, conviviale et bon enfant.
A l'intérieur du Théâtre municipal, plusieurs troupes de musique tunisiennes et arabes se sont succédé sur scène, dont la troupe libyenne ‘‘La Voix’’ spécialisée, comme son nom l’indique, dans les vocalises. Des étudiants des écoles du théâtre ont interprété des scènes tournant en dérision les symboles de la dictature et de la corruption dans le monde arabe.
Etaient également de la fête une troupe populaire égyptienne et plusieurs danseurs et artistes populaires tunisiens et d’autres pays arabes. Et même un cavalier en habit traditionnel, porté par sa monture harnachée et sellée selon les traditions ancestrales, a illuminé la scène par des mouvements rythmés et gracieux dans une parfaite symbiose entre l’homme et la bête, au son d'un tambour, avant que les trois coups de la convention n’annonce la levée du rideau… Le spectacle d’ouverture, quant à lui, allait être donné, à quelques centaines de mètres de là, dans la Coupole d'El Menzah, qui a accueilli à 20H la pièce de théâtre ‘‘Saheb El Himar’’ de Fadhel Jaziri, d'après ‘‘La révolte de l'homme à l'âne’’ de Ezzeddine Madani.
Cette pièce est une interprétation libre du mythe de Bouzid, surnommé «l'homme à l'âne» qui, de révolutionnaire combattant pour la liberté et la justice, s'est transformé en tyran sanguinaire, et qui a été emporté, à son tour, par une sédition parmi ses alliés. Une histoire qui résonne comme un avertissement à toute tentative de dévoyer la démocratie naissante dans le pays et à la transformer en une nouvelle dictature.
I. B. (avec Tap).