Les Tunisiens ne lisent pas (ou rarement) des livres. Faut-il les blâmer d’être de si mauvais lecteurs? Et si on faisait un effort pour leur offrir des ouvrages plus conformes à leurs attentes? Un effort de marketing et communication de la part des éditeurs n’aiderait-il pas à améliorer les ventes des livres en librairie?



La dernière enquête réalisée dans le cadre de la Consultation nationale sur le livre et la lecture en Tunisie révèle que le Tunisien ne lis presque pas de livre. 68,12% des interviewés n’ont pas lu un seul livre durant l’année 2009, 31,8% ont lu au moins un livre en 2009, 22,74% n’ont pas lu un seul livre de leur vie.
Ces chiffres sont effrayants au point que certains ont voulu les relativiser. Mais celui qui connaît bien les Tunisiens, il n’a pas à être surpris. C’est notre triste réalité, qui en révèle tout de même une autre. Le marché du livre en Tunisie n’est presque pas exploité. N’y a-t-il pas ici une opportunité à saisir par quelques investisseurs avertis ?

Une population de 10 million d’habitants, un taux d’alphabétisation de plus de 70%, 2.2 million d’écoliers et de lycéens, 350.000 étudiants et un revenu consacré aux loisirs qui augmente d’une année à l’autre. Et si, face à ce marché potentiel, le problème était plutôt du côté de l’offre que de la demande ? Nos éditeurs ne sont-il pas trop «intellectuels» et trop «artisans» pour pouvoir mener des actions de marketing ciblées et des actions de communication efficaces ? Ne faut-il pas chercher plutôt à connaître et à satisfaire les attentes des lecteurs au lieu de s’obstiner à éditer des livres, certes d’une grande valeur littéraire ou scientifique mais qui, à la vérité, n’intéressent pas beaucoup de monde.

En France, en 2009, les cinq premières meilleures ventes sont des romans pour jeune public qui relatent des histoires de vampires et d’Astérix. En Tunisie, dès qu’il y a polémique autour d’un livre, les chiffres de ventes augmentent, toute proportion gardée. A titre d’exemple, le dernier essai de Olfa Youssef, ‘‘Hayratou muslima’’ (‘‘Perplexité d’une musulmane’’), a été réimprimé plusieurs fois à cause justement d’une polémique entretenue sur les colonnes des journaux et sur internet. A la dernière édition de la foire  du livre, la présentatrice vedette de la chaîne satellitaire arabe ‘‘Fatafeat’’, Houria Zannoun, n’a pas du tout chômé. En fait, elle était là pour dédicacer des centaines d’exemplaires d’un livre de recettes vendu à 44 DTN l’exemplaire. Ce succès est du, entre autres, à l’annonce en boucle sur cette même chaîne de la participation de la présentatrice à la Foire du livre de Tunis. Comparativement, les sorties des livres tunisiens sont accompagnées généralement de présentations télévisuelles ou radiophoniques en langage littéraire pointu et diffusées à des heures de faible audience.
Mais avant la communication et le marketing, qui sont très utiles, nous avons d’abord besoin d’un cadre réglementaire fiable et clair, qui régit les relations entre écrivain, éditeur et distributeur et garantit à chacun une part équitable du «gâteau».
Reste que la tarte est là, et attend impatiemment son preneur.

Bouzid