Une manifestation a été observée, le mercredi, par les employés de l’Agence de mise en valeur du patrimoine, devant le local de celle-ci, dans le quartier de Montplaisir, à Tunis. Pour dénoncer la corruption…
Par Seif Eddine Akkari
La raison de cette grogne serait le changement du directeur général de l’agence, Mohamed Ali Hammami, fraîchement désigné après la révolution du 14-Janvier. Selon l’un des manifestants, Zouhayer Zouaoui, chauffeur à l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (Amvppc), ce changement est «incompréhensible, car l’ancien directeur avait réalisé un grand travail dans l’éradication de la corruption qui rongeait l’agence».
Les agents de l’Amvppc réclament donc le retour de M. Hammami à la direction de l’agence. Ils affirment qu’il s’agit d’une manifestation organisée par les employés qui ont constitué un groupe de négociations avec le ministre de la Culture. Ce dernier aurait refusé de les accueillir. Il aurait même, selon M. Zouaoui, accusé l’Union des travailleurs de Tunisie (Utt) de mobiliser les employés de l’agence, accusation que rejette catégoriquement les manifestants qui insistent sur l’indépendance du mouvement de toute influence syndicale…
Selon les manifestants, le seul tort de M. Hammami est d’avoir ouvert les dossiers de la corruption et commencé le travail d’assainissement que nécessite la relance de cette agence, longtemps phagocytée et ses fonds financiers détournés par des parasites proches de l’ancien clan au pouvoir. Le remplaçant de M. Hammami, qui n’a pas encore mis les pieds dans l’agence, serait proche d’Ennahdha. Ce qui reste, bien sûr à démontrer.
Zouhaier Zouaoui, chauffeur à l’Agence, en a gros sur le cœur
Créée en 1988, l’Amvppc est un établissement public à caractère non administratif doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière, et soumis à la législation commerciale, placé sous la tutelle du ministère de la Culture. Ses missions : la mise en valeur du patrimoine archéologique et historique, ainsi que la gestion et la promotion de la créativité culturelle. L’agence, qui accapare l’essentiel de la trésorerie du ministère de la Culture, gère une soixantaine de sites, monuments et musées, organise les manifestations culturelles avec divers partenaires, notamment l’Institut national du patrimoine (Inp), lui aussi gangréné par la corruption. L’agence est également chargée de délivrer les autorisations pour l’organisation d’activités culturelles, de loisirs ou commerciales se déroulant dans l’enceinte des espaces relevant de sa tutelle. Ce qui ouvre la porte à des malversations de toutes formes.
Que l’Amvppc ait été parmi les établissements publics dédiés aux magouilles de l’ancien clan au pouvoir est un secret de polichinelle. Reste que son assainissement est un préalable à sa relance. Le ministère de la Culture serait bien inspiré de faire réaliser les enquêtes et les audits nécessaires.