Télescopage, dimanche, entre deux manifestations à l’avenue Habib Bourguiba à Tunis : «24H de Théâtre non-stop» et une marche de protestation dénonçant l’atteinte aux valeurs du sacré.


 

La première manifestation, organisée par des comédiens à l’occasion de la Journée internationale du théâtre, devant le théâtre municipal de Tunis, a été interrompue de manière musclée par les extrémistes religieux qui participaient à la seconde. Les comédiens ont eu droit à des jets de pierres, de tomates, d’œufs pourris et même d’objets contendants. Ils ont dû se réfugier à l’intérieur du théâtre. Certains d’entre eux ont été agressés verbalement et physiquement. La police est intervenue après coup pour empêcher les salafistes de poursuivre leur agression.

Dans un communiqué diffusé samedi, le ministère de l’Intérieur justifie l’erreur commise d’autoriser deux manifestations aux antipodes l’une de l’autre au même moment et dans le même endroit.

Le ministère affirme qu’il a pris «un ensemble de mesures visant à garantir toutes les conditions de sécurité» à la manifestation 24H de Théâtre non-stop et à la marche de protestation dénonçant l’atteinte aux valeurs du sacré organisées dimanche.

Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, un groupe de personnes participant à la marche de protestation ont dévié de l’itinéraire de la marche qui mène de la place 14 Janvier à la station Tgm, pour se diriger vers le théâtre municipal et se rassembler en face de l’édifice de manière à perturber la manifestation théâtrale.

Contactés, les organisateurs de la manifestation ont nié tout lien avec ce groupe, ajoute le communiqué. Les forces de l’ordre ont formé un cordon de sécurité pour séparer les deux groupes et éviter les accrochages entre eux, précise la même source.

La manifestation théâtrale s’est poursuivie jusqu’à 14 heures comme convenu entre les organisateurs et les forces de sécurité qui ont assuré le départ des participants en toute sécurité, la dispersion des manifestants devant le théâtre et la reprise du cours normal de la circulation, ajoute encore le communiqué.

Aucune violence n’a été enregistrée au cours des deux manifestations, souligne le ministère de l’Intérieur qui s’est dit disposé à «protéger la liberté d’expression et de créativité culturelle et artistique, à garantir toutes les conditions requises pour l’exercice des droits et des libertés et à faire face aux menaces dont ils font l’objet dans le respect de la loi».

Ces explications ne convainquent pas les artistes de théâtre, qui dénoncent les harcèlements dont ils font l’objet de la part d’éléments extrémistes religieux, ce qui réduit leur marge de liberté et les accule carrément à se cacher… pour faire du théâtre. Situation jugée insupportable.

I. B.