L’espace El Hamra a déposé une demande auprès du ministère de l’Intérieur pour un rassemblement culturel le 30 mars entre 18 et 20 heures à l’occasion de la Journée de la Terre. Demande rejetée…
Les artistes sont indignés. Surtout qu’il ne s’agit pas d’une manifestation de protestation, mais d’un rassemblement silencieux avec seulement des bougies.
Selon Ezzeddine Gannoun, directeur de l’espace El Hamra, ce refus n’est pas gratuit et il rappelle aux Tunisiens les anciennes pratiques sous Ben Ali. C’est-à-dire, selon lui, avant la révolution de la liberté et de la dignité.
Dans un communiqué rendu public jeudi, M. Gannoun déclare que le gouvernement actuel doit assumer toutes ses responsabilités face aux pratiques structurées au nom de la religion et qui veulent frapper toute action de créativité en s’attaquant et en agressant des créateurs. Et de demander à la société civile de ne pas croiser les bras contre ceux qui veulent ratatiner l’artiste et l’éloigner de tout mouvement citoyen.
Mercredi, en fin d’après midi, le ministère de l’Intérieur a rendu public un communiqué de presse annonçant l’interdiction définitive de manifester dans l’avenue Habib Bourguiba. Et que toute demande doit être déposée 72 heures avant la manifestation en indiquant l’heure et le lieu afin que la sécurité des personnes soit assurée.
Le ministère précise aussi que cette décision a été prise suite aux plaintes des commerçants qui ne peuvent plus travailler pendant les mouvements sociaux.
Dimanche matin, à l’occasion de la Journée mondiale de Théâtre, des artistes ont été agressés par des salafistes déchaînés. Le spectacle vivant de la journée : jet de pierres, d’œufs, de chaussures et même des objets en métal tranchant contre les artistes.
Ce jour-là, le ministère de l’Intérieur a autorisé, à la même heure et au même endroit, 2 manifestations à la fois : une pour des extrémistes religieux et une autre pour les artistes. L’eau et le feu en somme…
Z. A.