«Nous appelons nos enfants à garder leur calme et, surtout, à ne pas tomber dans les provocations de nos ennemis qui préparent, pour Ramadan, des agressions et  des explosions qu’ils vont nous attribuer», a prévenu le chef salafiste tunisien.


Dans une vidéo partagée aujourd’hui sur les réseaux sociaux, Abou Yadh, leader salafiste jihadiste tunisien, rentré au pays au lendemain de la révolution et à la faveur d’une amnistie, met en garde ses militants contre des complots qui seraient en train d’être tramés contre le peuple en perspective du mois saint musulman, qui commencera le 20 juillet prochain.

Selon Abou Yadh, il y aurait des gens qui prépareraient des agressions sur des personnes qui ne jeûnent pas ou qui fréquentent les plages… Et d’ajouter que les adversaires du mouvement salafiste vont «probablement prendre des fous de l’hôpital psychiatrique de Razi. Ils leur mettront des ceintures explosives et les enverront se faire exploser dans les trains,  bus, métros, les souks, et partout où il y a des rassemblements publics. Et que tout ceci est programmé pour que le peuple nous tourne le dos», a-t-il insisté.

Vers la fin de la séquence vidéo, le leader jihadiste appelle ses fidèles à revenir dans les rangs du mouvement et à ne pas croire à la propagande des adversaires.

Ces déclarations ont de quoi inquiéter. Comment les interpréter? Et comment expliquer leur timing?

Abou Yadh a-t-il senti que des éléments de son mouvement sont en train de le fuir et il a senti le besoin de faire un rappel des troupes? Craint-il réellement un retour des services tunisiens à des pratiques de manipulation de l’opinion qu’ils avaient déjà utilisées dans les années 1980-1990 contre les islamistes d’Ennahdha? Envoie-t-il des messages codés au parti islamiste tunisien aujourd’hui au pouvoir? Et si, certains éléments de sa mouvance, incontrôlables ou pas, étaient réellement en train de préparer des attentats dans le pays?

Comment le gouvernement Jebali et les responsables de la sécurité vont-ils réagir à ces avertissements que l’on pourrait considérer comme des menaces? Abou Yadh a-t-il peur – ce qui nous étonnerait de la part d’un jihadiste jamais repenti – ou joue-t-il à faire peur aux Tunisiens?

I. B.