L’idée a été lancée lundi: un gouvernement de salut national. C’est du réchauffé, dirions-nous. Une fausse bonne proposition qui a peu de chance d’aboutir. Et pour cause…


C’est la secrétaire générale du Parti Républicain, Maya Jribi, qui a appelé, au cours d’une conférence de presse au siège du parti à Tunis, à la «formation d’un gouvernement de salut national de composition réduite et formé essentiellement de compétences nationales et non pas sur la base des quotas», c’est-à-dire d’une répartition des maroquins au prorata de la représentations à l’Assemblée nationale constituante (Anc).

Un gouvernement en panne

Mme Jribi a justifié son appel par le constat, pour le moins exagéré, que «le gouvernement actuel a montré son incapacité de gérer les affaires du pays».

Mais comment mettre en route une telle proposition? Mme Jribi estime que le gouvernement, dominé par le parti islamiste Ennahdha, doit «faire preuve de courage et de patriotisme et avouer son échec et son inaptitude à relever les défis qui se posent et à œuvrer pour un consensus national au service de l'intérêt général du pays».

Evoquant la «détérioration de la situation aux niveaux politique, socioéconomique et sécuritaire», la secrétaire générale du Parti Républicain relève que «la majorité des rapports élaborés par des analystes économiques constatent un repli du climat de l’investissement et une confiance des investisseurs dans le programme du gouvernement». «La baisse de notation de la Tunisie de deux points vient confirmer la détérioration de la situation économique dans le pays», a-t-elle aussi souligné.

Le Parti Républicain, qui est faiblement représenté à l’Anc, a-t-il les moyens politiques de faire passer sa proposition? Mme Jribi et ses camarades vont inviter les autres partis politiques, notamment la Voie démocratique et sociale (centre-gauche) à un «dialogue sur un gouvernement de salut qui s’emploiera à la concrétisation d’un programme de salut national, à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays et à garantir la réussite de la deuxième phase de transition».

«Il ne faut pas ignorer les classements internationaux qui sont des indicateurs importants permettant l’attraction des investissements individuels de nature à créer de nouvelles opportunités d’emplois», a indiqué, e son côté, Ilyes Jouini, membre du bureau exécutif du Parti Républicain.

Une opposition paumée

Si le diagnostic et le solution préconisée sont compréhensibles, on ne voit pas comment la proposition pourrait être mise en route sans le consentement et la participation active des trois partis de la «troïka» au pouvoir: Ennahdha, le Congrès pour la République et Ettakatol. Or, on voit mal ces partis admettre l’échec du gouvernement qu’ils ont formé il y a six mois et accepter de le dissoudre. L’idée de former un gouvernement de salut (d’union ou d’intérêt) national avait été proposée par Ennahdha, au lendemain des élections du 23 octobre, mais elle a été rejetée par ses alliés du CpR et d’Ettakatol, ainsi que par la plupart des partis qui forment aujourd’hui le Parti Républicain : Pdp, Afek Tounes… Pourquoi Ennahdha devrait-il aujourd’hui accepter cette même proposition aujourd’hui venue de ceux qui, il y a quelques mois, l’ont rejetée et choisi de rester dans l’opposition?

A l’évidence, si le gouvernement est aujourd’hui en panne d’idées et d’actions, l’opposition n’est pas mieux lotie. D’où le drame de l’interminable et incertaine  transition en Tunisie…

Imed Bahri