Alors que la corruption s’est aggravée en Tunisie, on nous annonce que notre pays est le 3e bon élève dans ce domaine dans toute la région. On nous prend pour qui?


La Tunisie occupe la 3e place du classement des indicateurs de la lutte contre la corruption dans la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), a annoncé lundi Kamel Ayadi, récemment bombardé «expert international en lutte contre la corruption» («Mabrouk Si Kamel!»), citant un rapport établi par une obscure Ong, comme nombre de celles qui se bousculent aujourd’hui au chevet d’une Tunisie en transition, le World Justice Project ou Projet mondial de la justice (Pmj), soutenu par l’American Bar Association.

Le rapport 2012 du Pmj classe également la Tunisie 6e sur 17 pays ayant le même revenu individuel brut, a aussi indiqué M. Ayadi, lors d’un workshop sur l’Index de l’autorité de la loi dans le monde, réalisé par le Pmj, à Tunis.

Le Pmj est «une initiative qui vise à soutenir l’autorité de la loi dans les pays. Il mène plusieurs programmes dans ce sens, notamment l’Index de l’autorité de la loi, dont les résultats sont publiés annuellement», a aussi expliqué M. Ayadi à l’agence Tap.

La Tunisie est entrée pour la première fois cette année dans le classement de l’index, parmi une centaine de pays, a-t-il ajouté.

L’Index de l’autorité de la loi se fonde sur 9 indicateurs qui permettent aux pays de connaître leur positionnement dans le classement mondial et de fixer, en fonction, des objectifs et un calendrier pour la réforme de leur situation judiciaire, a-t-il encore précisé.

Cependant, M. Ayadi n’explique pas comment les experts du Pmg ont-ils établi le classement de la Tunisie, sachant que rien n’a encore changé dans les méandres de l’administration et de la justice dans le pays et que, selon d’autres rapports, sans doute plus crédibles, le phénomène de la corruption s’est aggravé dans notre pays après la révolution.

Ce genre d’indicateurs fallacieux, «vendus» par des Ong dénuées de toute crédibilité, on en a beaucoup goûté sous l’ancien régime. On sait aujourd’hui où cela nous a menés.

Alors, M. Ayadi et consorts, les offres de services sont innombrables et la Tunisie est aujourd’hui un bon client pour les «chasseurs de primes» de la société civile mondiale, alors, de grâce, ne nous rejouez plus le coup des classements soporifiques. Cela peut plaire au gouvernement, car il lui donne à la fois un faux satisfécit et une satisfaction éphémère, mais cela risque de passer à côté de l’essentiel.

Imed Bahri