La marche du 2 juin prévue de 11 à 15 heures à l’avenue Habib Bourguiba a été étouffée dans l’œuf. Les policiers mobilisés étaient beaucoup plus nombreux que les manifestants.

Par Zohra Abid


Quelque 250 personnes, dont des dizaines de cameramen et journalistes, ont répondu à l’appel lancé depuis 3 jours par l’association Femmes et Dignité pour manifester contre les violences, aujourd’hui au centre-ville de Tunis, entre la statue Ibn Khaldoun et la Place 14 Janvier (l’Horloge).

Depuis le matin, l’artère principale de la capitale a été quadrillée par les forces de l’ordre, en civil ou en uniforme. Un cordon de policiers a été constitué autour du ministère de l’Intérieur et aux environs. Une caravane de véhicules pleins de policiers, prêts à agir dès la réception de l’ordre, a été placée au centre-ville et dans les rues voisines.

Un rassemblement mais pas une marche

N’empêche que de l’autre côté, près du ministère de la Femme, un rassemblement d’hommes et de femmes, qui n’ont pas cessé de crier contre le ministre de l’Intérieur, Ali Lârayedh et contre la «nouvelle dictature qui est, au fil des jours, en train de s’installer dans le pays» et contre «le ministère salafiste», raconte une universitaire. Et d’ajouter que tant que le ministère n’a pas fait barrage aux violences des islamistes radicaux, elle va continuer à manifester.

N’empêche que cette dame a empêché ses enfants de descendre aujourd’hui avec elle. «On ne sait jamais. Ces gens-là n’ont ni loi ni foi et peuvent réagir agressivement. J’ai préféré, mon mari et moi, nous joindre au mouvement, mais pas les enfants», précise-t-elle, déterminée mais sage. Deux jeunes gens viennent de la bousculer, lui criant dessus et de lui lancer qu’il vaut mieux pour elle de rentrer chez elle et que le gouvernement en a marre de ceux qui lui mettent des bâtons dans les roues.

L’hymne national a été chanté plusieurs fois et la foule a scandé son slogan de jour: «Le droit à la manifestation». Les forces de l’ordre, avec casques et bâtons, se sont approchés peu à peu et ont encerclé de très près ces gens en colère.

La marche a été stoppée avant de commencer. Selon quelques membres de la constituante (Maya Jeribi, Issam Chebbi et Iyad Dahmani, du Parti Républicain, présents), il vaut mieux rebrousser chemin. Les élus de l’opposition ont rassuré la foule lui promettant qu’ils vont tout faire pour que le peuple ait le droit de manifester et qu’il vaut mieux ne pas entrer en confrontation avec la police.

A cette marche, le porte-parole du ministère de l’Intérieur a fait, vendredi, un communiqué de presse annonçant que cette manifestation n’a pas été autorisée et aucun n’a demandé de la faire et que la loi sera appliquée contre tous ceux qui enfreignent la loi. Depuis, l’association Femme et Dignité qui a organisé samedi matin une conférence de presse, a fait partager sur les réseaux sociaux une copie faisant foi de la demande avec la date de la décharge délivrée.