On est donc content qu’il y ait des Maherzia Laâbidi (Ennahdha), Karima Souid (Ettakatol) ou Maya Jeribi (Parti Républicain) à l’Assemblée nationale consttuante. Mais ce n’est pas suffisant.

Par Jamel Dridi


 

Le «tbendir» ou «hazan el-kouffa» (litterallement passer de la pommade en parler tunisien) est mal vu ces jours-ci. On nous permettra cependant ici de faire une exception avec cette ode à la femme tunisienne! Une tunisienne qui, tant d’un point de vue sociétal, économique que politique, peut beaucoup apporter à notre pays.

Elle est belle, elle est intelligente, c’est une gazelle d’exception, c’est bien évidemment de la femme tunisienne dont on parlera ici.

On ne parle pas assez d’elles

Alors, les mauvaises langues, surtout masculines, rappelleront ici ses mauvais côtés: son goût immodéré pour l’argent (ça c’est surtout contre la belle-mère tunisienne), ses cris quand elle est en colère, que même un casque de chantier n’arrive pas à nous épargner, ses côtés rebelles et «lionnes» qui donnent à l’homme tunisien l’amère impression qu’il ne commande que la première année de mariage (en fait, ce n’est hélas pas qu’une impression et pour certains c’est seulement après 6 mois qu’a lieu le coup d’Etat sentimental et ils doivent baisser le pantalon, sans jeu de mot déplacé).

Maya Jeribi manifeste le 14 janvier 2011.

Mais nous, nous ne parlerons pas de ces petits côtés négatifs – et ceux qui ont goûté à la colère d’une Tunisienne savent de quoi je parle –, car s’ils sont réels, ses défauts sont équilibrés par les immenses qualités de nos gazelles tunisiennes.

Car, à vrai dire, il faut reconnaître que dans cette période post-révolutionnaire, on ne parle pas assez d’elles et surtout du rôle qu’elles doivent et peuvent  jouer dans la construction d’une nouvelle Tunisie. Car même s’il est vrai la femme tunisienne joue déjà un rôle dans tous les secteurs de notre économie, de notre société, etc., elle pourrait faire encore plus et vraiment contribuer à l’accélération.

Car, très sérieusement, d’un point de vue sociétal, les générations de Tunisiens de demain sont les enfants, filles et garçons d’aujourd’hui. Et pour que ces générations soient à la hauteur, qu’ils aient confiance en eux, qu’ils aient une vision du monde équilibrée, il faut d’abord que celle qui leur apporte tout cela, c’est-à-dire leur mère, se sente bien dans la société d’aujourd’hui, soit instruite, éduquée et devienne une véritable actrice sociétale.

C’est pourquoi, il faut préserver ses droits et même les augmenter en lui permettant d’être épanouie. Si cela n’est pas fait, comment veut-on que les enfants tunisiens d’aujourd’hui qui seront les décideurs et «décideuses» (on pardonnera ce néologisme) soient à la hauteur.

Pour que les hommes ne soient pas jaloux, disons que, bien évidemment, ils contribuent, eux aussi, à l’éducation des enfants aussi, mais il est vrai que de nombreuses études sociologiques sérieuses ont montré que c’est par le biais de la mère que l’enfant se construit surtout. Et le mieux.

D’un point de vue économique et politique aussi. Si l’on veut être honnête, les femmes sont beaucoup plus malines, perspicaces, intelligentes et diplomates  que les hommes. Beaucoup de problèmes n’existeraient même pas sur le terrain politique si elles tenaient le volant car elles ont beaucoup plus le sens de l’intérêt commun et la diplomatie que ne l’ont les hommes plus portés sur la «sardouk» (coq) attitude.

Merherzia Laâbidi. Ph. Augustin LeGall.

Pour vous en convaincre, arrêtez-vous deux minutes à un croisement de la circulation. Au bout de peu de temps, vous verrez sûrement une bagarre verbale ou réelle de deux automobilistes tunisiens. Même après toute une journée de travail, il y a peu de chances qu’une femme tunisienne donne le même misérable spectacle.

On est donc content qu’il y ait des Mahrezia Laâbidi (Ennahdha), Karima Souid (Ettakatol) ou Maya Jeribi (Parti Républicain) à l’Assemblée nationale consttuante. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut qu’il y ait plus de femmes décideuses et surtout à de vrais postes à responsabilité.

La Tunisienne est l’avenir du Tunisien

Ah s’il ne pouvait aussi y avoir que des Latifa Zitouna ou des Nejiba Chebba ou des belles vieilles gazelles bien en pattes comme Béjia Caida Essebsi…, la vie politique tunisienne serait, peut-être, moins rugueuse…

Ces quelques lignes ne sont en fait qu’un rappel pour dire que la Tunisienne est l’avenir de la Tunisie pour paraphraser l’autre. Ne l’oublions pas.

Et bien évidemment seuls ici ceux qui n’auront pas compris que ce texte est un texte rassembleur (et qu’ils s’adresse fraternellement à toutes les femmes, qu’elles soient voilées ou pas) vont encore laisser des commentaires assassins  soit contre la femme trop libérée soit contre la femme trop religieuse.

En plus, on peut être sûr que ce ne sont pas des femmes qui laisseront ces commentaires insultants mais des hommes (barbus ou pas) qui, dès qu’ils vont rentrer à la maison, vont se mettre à genoux pour dire à leur niqabée ou à leur minijupée (et les deux ne sont pas incompatibles): «Tu es la meilleure ma gazelle».

Karima Souid devant le siège de l'Assemblée au Bardo.

Vraiment, quels hypocrites ces hommes tunisiens !

Vive la Tunisie libre. Et qu’elle soit voilée ou pas, vive la Tunisienne en forme (pas trop quand même – faut penser aux pauvres hommes aussi).

PS : Promis, demain on redeviendra plus sérieux et on parlera d’affaires d’hommes.