Quelque 200.000 dinars, entre dons et promesses de dons, ont été collectés, au cours de la soirée de lancement de la campagne Tunithon pour venir en aide aux diplômés chômeurs. C’est à peine le prix d’un appart à Tunis!


La collecte des dons se poursuivra certes jusqu’au 14 juillet prochain, mais on peut d’ores et déjà s’interroger sur les raisons de ce qui s’apparente à un demi-échec.

Les absents ont toujours tort

La mobilisation était-elle insuffisante? La communication a-t-elle foiré puisque beaucoup de Tunisiens continuaient à s’interroger sur le sort des sommes collectées, échaudés qu’ils sont par l’expérience du Fonds national de solidarité de Ben Ali? Et si la campagne alimentée, sur les réseaux sociaux, par les partisans d’Ennahdha, contre l’opération, parce qu’elle a échappé à leur contrôle, a eu des conséquences négatives? Pourquoi ces chers artistes ont-ils été si peu nombreux à venir animer la soirée de gala? Craignaient-ils les représailles du nouveau parti au pouvoir? Comme quoi, il n’y a rien de nouveau sous le soleil de Tunis.

Un premier bilan doit être fait et des mesures d’urgence prises pour relancer cette opération au cours des prochains. La contribution active de Tunisie Telecom, principal sponsor de l’événement, qui a mis à la disposition du Tunithon son réseau, facilitant les dons par simple Sms au numéro 1406, est un atout de taille qui devrait être mieux exploité par les organisateurs au cours des prochaines semaines.

Hip-hop, tags, poésie et chanson

Quoi qu’il en soit, l’opération a eu le mérite d’exister. Organiser un Tunithon en Tunisie pour collecter des fonds pour les sans-emploi était une simple idée, lancée par des hommes de médias peu après la révolution. Ce rêve est devenu réalité, puisque une grande campagne de dons a pu être organisée samedi, au Théâtre municipal de Tunis, habillé aux couleurs de l’espoir et de la solidarité.

Peu avant la cérémonie, de jeunes musiciens amateurs se sont produits à l’avenue Habib Bourguiba, devant la «bonbonnière». Dans un espace extérieur réservé aux arts, de jeunes danseurs de hip-hop ont offert un beau spectacle au public, qui a afflué au fur et à mesure que le rythme de la musique montait crescendo.

Un groupe d’artistes peintres a réalisé une toile géante sur laquelle le mot Tunithon a été inscrit en couleurs. Tunithon est le nom de l’association créée après la révolution par plusieurs hommes de médias tunisiens vivant à l’étranger.

La chanteuse engagée Amel Hamrouni a donné le coup d’envoi de la soirée avec, d’abord, l’hymne national, chanté en chœur avec le public, puis des chansons puisées dans son répertoire musical.

La soirée a comporté également des chansons en français, italien et anglais, interprétées par les jeunes voix de la chorale El fousaifoussa sous la direction du maestro Mohsen Matri. Un poème d’Abou El Kacem Chebbi, extrait de son recueil Aghani El Hayet, a été récité.

La soirée a été animée, cahin-caha, par les journalistes Taoufik Mjaied (France 24), Leila Chaieb (Al Jazira), Mekki Hellal (Bbc), Asma Bettaieb (TV Nationale1) et la jeune Ines El-Amri (TV Nationale2), excellente de professionnalisme et de naturel.

I. B.