Après avoir condamné les artistes auteurs d’«atteinte au sacré», la présidence de la république s’est fendue aujourd’hui d’un communiqué pour défendre «la liberté de création artistique».


Il était temps... Il a fallu attendre que les nouveaux maîtres du pays, les dirigeants d’Ennahdha, mettent de l’eau dans leur vin, et mettent fin à la mission d’un imam qui a appelé au meurtre des artistes, pour que M. Marzouki se résolve enfin à condamner les appels «irresponsables» au meurtre d’artistes «lancés jusque dans les mosquées», et de rappeler que «les libertés d’opinion, d’expression et de création artistique sont des droits irrévocables».

«Les tentatives de certains de profiter de ces libertés pour provoquer et semer la discorde ne doivent pas omettre leur importance en tant qu’acquis de la révolution à préserver et à renforcer en dépit de toutes les difficultés», a aussi indiqué le porte-parole officiel de la présidence de la république dans un communiqué publié samedi. Sans indiquer, bien sûr, qui sont ces «certains» qui ont des problèmes avec la révolution.

Le président de la république a aussi demandé aux ministères concernés d’engager les procédures judiciaires nécessaires à l’encontre de toutes les personnes qui ont lancé et lanceront des appels au meurtre, «quelles qu’en soient les positions ou les appartenances politiques et idéologiques», comme indiqué dans le communiqué.

La présidence de la république, qui était complètement absent tous ces derniers jours, alors que le pays était en effervescence, avec les violences salafistes, a cru devoir se féliciter du rendement de l’appareil sécuritaire et de l’armée nationale qui ont «imposé l’autorité de la loi et circonscrit la dernière crise», rendant hommage à toutes les parties qui ont appelé au calme et à avorter les plans des ennemis de la révolution et de l’unité nationale.

La présidence de la république n’a pas indiqué qui sont ces «ennemis de la révolution et de l’unité nationale».

Houcine Laabidi, président du comité scientifique de la Mosquée Zitouna a appelé hier, dans son prêche du vendredi, à «tuer tous les artistes plasticiens qui ont porté atteinte au sacré».

Le pays a connu, en début de semaine, des actes de violence et de destruction lorsque des groupes salafistes ont violemment protesté contre des œuvres exposées au palais El Abdellia, à la Marsa, dans le cadre de la manifestation artistique Le Printemps des Arts.

I. B. (avec Tap).