On attendait la justice genevoise sur la restitution des avoirs et biens du clan Ben Ali déposés en Suisse, et la voilà qui nous sort une affaire de détournement de fonds par un homme politique du sérail actuel.
Khayam Turki, l’un des leaders du parti de centre-gauche Ettakatol, membre de la coalition tripartite actuellement au pouvoir, a beau démentir l’histoire du gel, par la justice genevoise, de plusieurs millions de dollars qu’il détiendrait dans des comptes en Suisse, les magistrats suisses n’en démordent pas.
M. Turki est soupçonné de détournement de fonds, a souligné, mercredi, la chargée de communication du pouvoir judiciaire du canton de Genève, citée par l’agence Afp. «Le ministère public a confirmé cette information» parue dans d’autres médias, a déclaré ainsi Sophie Bernard. L’affaire porte sur plusieurs millions de dollars, a-t-elle encore indiqué, refusant toutefois de donner plus de précisions.
Fin 2011, M. Turki avait été pressenti au poste de ministre des Finances de son pays, à l’issue des élections du 23 octobre. Mais, il avait finalement renoncé à se porter candidat après qu’un cabinet d’avocats tunisois eut ébruité une mystérieuse affaire l’opposant à son ex-employeur émirati. L’Emirates International Investment Compagny (Eiic) l’a, en effet, accusé de gestion déloyale du temps où il siégeait à sa direction. La société a également déposé une plainte contre M. Khayam pour détournent de fonds. C’est cette plainte qui a abouti au gel des millions de dollars que l’intéressé détendrait dans des comptes en Suisse.
Comme il est difficile d'imaginer que la justice suisse, dont on connait la rigueur, puisse procéder au gel de fonds aussi importants sur la base de simples accusations non fondées, c'est à M. Turki que revient désormais la tâche d'apporter la preuve que les fonds déposés dans des banques suisses au nom de Khayam Turki ne le concernent pas. Ce qui est admissible, encore faut-il en apporter la preuve.
I. B.