Le chef du gouvernement provisoire est attendu en France le 28 juin. Ce sera sa première visite officielle dans ce pays depuis son accession à la tête du gouvernement en décembre dernier.
Hamadi Jebali, qui assistera à une conférence économique consacrée aux petites et moyennes entreprises, aura aussi un entretien avec Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre du nouveau gouvernement socialiste.
C’est ce qu’a affirmé M. Jebali dans un entretien à Rfi-TV5-Le Monde, diffusé dimanche.
Un plan Marshall pour la Tunisie
Interrogé sur la position de la France lors de la révolution tunisienne et son appui inconditionnel à l’ancien régime, le chef du gouvernement provisoire a dit qu’il en a été personnellement choqué, mais qu’il préfère ne pas s’attarder sur le passé et regarder l’avenir.
Tout en admettant que le principal partenaire de la Tunisie, l’Union européenne, traverse une grave crise économique, M. Jebali a exprimé le souhait de voir les pays européens soutenir davantage la Tunisie. Il a même parlé d’un plan Marshall en faveur de la Tunisie qui serait alimenté, par exemple, par une reconversion d’une partie de la dette tunisienne envers les pays européens. Il a cité, à ce propos, l’exemple de l’Allemagne, qui a accepté de reconvertir une partie de la dette tunisienne pour financier certains projets de développement.
Ce ne sont pas là exactement les mots de M. Jebali, mais c’est à peu près ce qu’il a voulu dire dans un français assez imparfait et avec des phrases très décousues, souvent incompréhensibles.
Interrogé, à juste titre et sans ironie aucune, sur l’avenir du français en Tunisie, M. Jebali n’a pas trouvé mieux que d’affirmer que «le français est une langue vivante». Ouf, l’honneur de Voltaire est sauf.
Le Premier ministre a, par ailleurs, exprimé le souhait que les élections générales aient lieu «le plus tôt possible», «peut-être avant» mars 2013 comme annoncé jusqu’à présent.
«J’espère vraiment que la nouvelle Constitution sera prête en octobre», a déclaré le numéro deux du parti islamiste Ennahdha. «On a besoin de cette constitution», a-t-il insisté, en indiquant demander «à tous nos représentants qu’ils accélèrent» son élaboration.
Quant aux élections, elles doivent se tenir «le plus tôt possible. Nous avons annoncé mars 2013, peut-être avant, ce sera mieux. Si c'est possible ce sera mieux», a-t-il répété.
«Les salafistes ne sont pas venus d’une autre planète»
Interrogé, par ailleurs, sur la présence grandissante des salafistes dans l’espace public, il a déclaré que «ces gens ne sont pas venus d’une autre planète. Ils sont venus du fin fond de la Tunisie. Ils expriment ce que pense le peuple tunisien. Les islamistes, les socialistes, sont venus parce qu’ils ont trouvé le vide idéologique et aussi le contexte social et économique».
Alors que les salafistes sont mis en cause pour leur rôle dans la recrudescence d’incidents violents en Tunisie, le Premier ministre les a appelé à se conformer aux règles de la démocratie. «On leur dit pourquoi voulez vous travailler en dehors de la loi. Maintenant il n’y a plus de discrimination. Vous pouvez avoir votre parti, vous pouvez voir votre journal. Si vous avez des idées qui peuvent convaincre les Tunisiens, allez-y», a-t-il dit.
«Ils ont tort parce que (...) ils veulent imposer par la violence (leur) point de vue dans un milieu démocratique, libre», a ajouté M. Jebali.
Il a encore affirmé que le gouvernement ne veut pas «intervenir dans la justice». Mais «soyez sûrs que nous n’acceptons aucune infraction à la loi de la part de quiconque», a-t-il ajouté.
I. B. (avec Afp)