Un incendie s’est déclenché tôt le matin au Centre commercial d’El Menzah VI. Les sapeurs-pompiers n’ont pas encore maitrisé le feu qui ravage encore le magasin Monoprix. Les causes restent pour le moment inconnues.

Reportage de Zohra Abid

Une armada de policiers a mis un cordon autour du complexe commercial et les rues voisines. Aucune voiture n’est autorisée de passer. Des grappes de riverains, bouche-bée, se sont constituées sur les chaussées et trottoirs dans les environs. Pas moins de 5 véhicules et une vingtaine de sapeurs-pompiers d’affairent pour tenter d’éteindre les feux par une ouverture donnant sur les ‘‘50 Boutiques’’. L’odeur du cramé enveloppe ce quartier huppé de Tunis.

Des nuages de fumée montent au ciel

Des jeunes tentent de sauver ce qui reste à sauver mettant, en vrac, dans des sacs poubelles, des jouets, des services, de l’électro-ménager… On dépose, un peu plus loin sur les trottoirs, des amas de produits, d’articles. En face, les poubelles géantes de la municipalité sont déjà remplies de je ne sais quoi de brûlé. Une colline de déchets totalement ou partiellement calcinés.

Des nuages de fumée montent ici et là. Les gens se regardent, les traits tirés, inquiets. «Pour une fois, je me suis réveillée, un peu plus tôt que d’habitude et j’étais déjà là à 8 heures. Et voilà, la nouvelle m’est tombée sur la tête comme de la foudre. Mon Dieu, c’est horrible. Nous sommes des dizaines à travailler ici…», raconte, dans tous ses états, une caissière à Monoprix. A ses côtés, ses collègues, muets. Vous pouvez leur posez mille questions, les yeux hagards, ils ne vous répondent pas, ils ne vous prêtent pas attention. Il regarde la fumée…

Il y a eu des menaces, mais les causes restent floues

Un responsable de la police s’active ici et là. Le téléphone collé à l’oreille, il sillonne la chaussée en face. «Il s’agit d’un court circuit électrique», nous répond-t-il. Pas très convaincu lui-même.

Plus loin, du côté de l’esplanade, des sapeurs pompiers, venus en renfort, se préparent pour intervenir, prendre la relève à leurs collègues qui toussent déjà. «Allah Yahdihom letariq almostaqim…» (Que Dieu les met sur le droit chemin», a dit à son collègue l’un d’eux. De qui parle-t-il ? Des hypothétiques pyromanes?

Il est déjà 9 heures du matin. La foule gonfle de plus en plus dans les parages. Tout le monde est sous le choc. «Apparemment, le feu s’est déclenché du côté du rayon de boissons alcooliques», raconte une quinquagénaire à des gens qu’elle ne connaît pas. «Nous sommes à quelques heures de la prière du vendredi. Ceci nous laisse penser que derrière cet incendie il y a un acte criminel. Surtout que des extrémistes ont déjà menacé les grandes surfaces et que plusieurs responsables ont pris les menaces au sérieux», réplique un jeune homme.

En effet, il y a près d’un mois, dans des grandes surfaces, comme Géant, les responsables ont pris leurs précautions pour que les consommateurs d’alcool achètent leurs boisson de l’arrière boutique afin que les bouteilles de vin ne soient pas visibles à l’intérieur de la grande surface.

Ces précautions ont été prises suite à des sérieuses menaces lancées par des extrémistes religieux.