Le président de la république s’ennuie-t-il déjà au Palais de Carthage qu’il a besoin de revoir quelques uns de ses anciens camarades de combat contre Ben Ali, dont certains sont devenus ses plus redoutables opposants?


M. Marzouki, président de la république provisoire, a, en tout cas, rencontré, ce matin au Palais de Carthage, des secrétaires généraux de partis politiques et des présidents de groupes parlementaires.

Ces rencontres étaient une occasion pour «discuter de la situation politique dans le pays et d'écouter les avis des divers protagonistes sur certaines problématiques liées à la transition démocratique et aux modes de fonctionnement des institutions de l'Etat, ainsi qu'aux quelques sujets de polémique qui ont marqué la scène politique ces derniers temps», lit-on dans le communiqué de la présidence.

M. Marzouki a ainsi rencontre Maya Jeribi et Yassine Brahim, respectivement secrétaire générale et président du bureau exécutif du Parti Républicain (centre-gauche), Abdelhamid Jelassi, vice-président du mouvement islamiste Ennahdha (droite religieuse, au pouvoir) et Sahbi Âtig, le président de son groupe à l’Assemblée nationale constituante (Anc), ainsi que Hamma Hammami, porte-parole du Parti ouvrier communiste tunisien (Poct, extrême-gauche).

Abderraouf Ayadi, secrétaire général du nouveau parti Wafa, ex-secrétaire général du Congrès pour la république (CpR) fondé par M. Marzouki, a cependant décliné l’invitation présidentielle, alléguant du fait que M. Marzouki ne bénéficie plus aujourd’hui de la confiance des militants en raison de certaines de ses décisions très contestés.

Pourquoi ces réunions? M. Marzouki se sent-il soudain si seul et fatigué du tête-à-tête harassant avec Ennahdha, le parti dominant la «troïka», la coalition tripartite au pouvoir, qu’il a senti le besoin de s’ouvrir un peu à quelque uns de ses «opposants»? Assiste-t-on à des manœuvres politiques qui visent à atténuer les guéguerres au sein de la «troïka» et à réduire le fossé entre celle-ci et les partis de l’opposition, qui dessert les intérêts du pays? M. Marzouki cherche-t-il à reprendre la main politiquement et à se situer au centre de l’échiquier politique, de façon à se montrer au-dessus des clivages politiciens?

Il y a, sans doute, un peu de tout cela à la fois…

Imed Bahri