Les bourdes du gouvernement se poursuivent et se ressemblent. Celle de l’ouverture des frontières aux ressortissants maghrébins sans passeport, n’est qu’un épisode dans un long feuilleton de bêtises qui en dit long sur son amateurisme.
L’idée a été lancée en février lors de la tournée maghrébine de Moncef Marzouki. Le président de la république, dans une opération de séduction, s’est fait le héraut de l’unité maghrébine. Pour marquer l’histoire de la région, il a cru pouvoir organiser un sommet de chefs d’Etats maghrébins à Tunis en octobre prochain, surestimant sans doute ses capacités à convaincre ses pairs de la nécessité de tenir ce sommet.
La décision a été annoncée, il y a une dizaine de jours, par Abdallah Triki, secrétaire d’Etat chargé des Affaires arabes et maghrébines. Elle a suscité aussitôt des interrogations, des craintes et à un début de polémique. Mais le ministre des Affaires étrangères, Rafik Ben Abdessalem, n’a pas cru devoir la défendre lui-même. Il a cependant dépêché certains de ses collaborateurs dans les talk-shows radiophoniques pour expliquer le bénéfice que la Tunisie peut en attendre. Ce fut le cas de Farhat Bahroun, représentant du ministère des Affaires étrangères à un débat consacré au sujet, le 29 juin, sur Shems FM.
Il a fallu attendre que des sources autorisées au ministère algérien des Affaires étrangères, expriment des réserves à l’encontre de cette décision et le refus de l’appliquer par la police aux frontières algériennes pour que M. Abdessalem s’avise à sortir enfin de son silence pour esquisser un repli tactique qui s’apparente à une pantalonnade.
M. Ben Abdessalem s’est en effet fendu, lundi, d’un démenti, affirmant que les frontières tunisiennes ne sont pas ouvertes aux maghrébins. Un démenti qui intervient quelques heures après la confirmation de son collègue Houcine Jaziri, secrétaire d’Etat, chargé de l’Immigration et des Tunisiens à l’étranger.
Qui faut-il croire? Et peut-on continuer à faire confiance à un gouvernement qui continue de dire la chose et son contraire, d’annoncer des décisions dont il ne calcule pas les conséquences et de les abandonner dès que l’opinion s’y oppose? Jusqu’à quand ce cafouillage va-t-il se poursuivre, alors que pays navigue à vue, souffrant d’un manque de vision et de visibilité ?
I. B.