Le gouvernement est toujours impuissants face aux groupes salafistes qui multiplient les agressions, les démonstrations de force et les opérations coup de poing. Ce qui s’est passé, hier, à la grande mosquée de Sfax en est la preuve.
Des échanges de violences ont en effet eu lieu, à l’heure de la grande prière de vendredi, dans la grande mosquée de Sfax (littoral sud-est), entre des salafistes, qui avaient pris le contrôle du lieu de culte depuis deux jours, et des fidèles refusant cette domination.
Les différends entre les deux parties ont atteint le stade de la tension qui a provoqué des bousculades, des accrochages et un désordre général qui a laissé un sentiment de désagrément chez les quelques centaines de fidèles, à la suite du changement de l’horaire habituel de la prière du vendredi par le groupe contrôlant la mosquée, et les cadres religieux composés de l’imam-prêcheur, de l’imam des cinq prières et du muezzin.
Les altercations et les bousculades ne se sont pas arrêtées, même lorsque l’imam appartenant au groupe des salafistes est monté sur la tribune pour prononcer un prêche succinct rappelant les principes de la fraternité dans l’islam et le rejet de la violence.
Les responsables locaux dépassés ou incapables
Le président de la section zitounienne à la grande mosquée de Sfax, Mohamed El Maâloul, avait déclaré, jeudi, à l’agence Tap qu’une réunion avait eu lieu, le même jour, au siège du gouvernorat, sous la présidence du gouverneur de la région et en présence des cadres religieux et sécuritaires. Elle avait abouti à la décision de rétablir le cadre religieux de la mosquée et de respecter l’horaire habituel de la prière du vendredi fixé à 13h30. Il avait souligné que des dispositions sécuritaires avaient été prises pour faire respecter cette décision.
Toutefois, la manière qui a été utilisée, vendredi, pour traiter la situation explosive a été en-deçà de ce qui était attendu.
Par ailleurs, le président de la section zitounienne a affirmé qu’«une plainte a été déposée auprès du procureur de la république du tribunal de première instance de Sfax pour agression contre la mosquée après l’arrivée d’un groupe de salafistes qui ont brisé la porte de la grande mosquée, remplacé les cadenas, se sont installés dans la mosquée et renvoyé tout le cadre religieux». Il a, en outre, indiqué qu’une deuxième plainte en référé a été déposée auprès du tribunal de première instance de Sfax.
Mais où est passé le gouvernement?
Aux dernières nouvelles, les autorités publiques, notamment les ministères de l’Intérieur et des Affaires religieuses, se sont contentés d’observer ces agitations, évitant d’intervenir pour remettre de l’ordre et laissant les populations régler leurs différends entre eux.
Démission? Laxisme? Incompétence? Sentiment d’impuissance? Volonté de ne pas s’aliéner les groupes salafistes en prévision des prochaines élections?
Il y a sans doute un peu de tout cela à la fois, ce qui est pour le moins inacceptable de la part d’un gouvernement provisoire dont la principale tâche est de remettre de l’ordre dans le pays pour que la vie économique et sociale puisse reprendre son cours normal.
I. B. (avec Tap).