Plaidant tout cœur tout âme le régime parlementaire, Walid Bennani, représentant d’Ennahdha à l’Assemblée nationale constituante (Anc), a cru devoir faire du chantage aux autres députés.
La dernière des dernières, lancée mardi avec beaucoup de prétention par l’élu Walid Bennani, est que le prochain président sera, de toute façon, un Nahdhaoui de pur sang. «Si vous allez adopter le régime parlementaire, vous allez avoir droit déjà à une infime partie pour gouverner avec nous sinon tant pis», a-t-il lancé. Plus visionnaire que cet élu, tu meurs!
Et comme le ridicule ne tue pas, l’élu islamiste a cru devoir s’acharner sur les autres représentants du peuple qui, selon lui, n’ont et n’auront aucune chance (ni poids) face à son parti qui va remporter, sans le moindre doute, les prochaines élections. «Le président qui va être aux commandes du pays est un membre d’Ennahdha et il est déjà prêt à gouverner», a-t-il lancé. Et d’enchaîner que s’il y a des élus d’autres partis souhaitant s’aligner dans le rang des Nahdhaouis, c’est-à-dire au pouvoir, ils seront les bienvenus, «mais avec un minimum de prérogatives, et ils n’auront aucun poids», a-t-il averti.
Ce que M. Bennani dit à demi-mot, c’est que, de toute manière, le prochain gouvernement sera également dirigé par un Nahdhaoui, qui aura tout les pouvoirs. Que l’on adopte ou pas un régime parlementaire, tout va être aux mains des Nahdhaouis et inutile de se fatiguer.
Ces déclarations, qui ont suscité un tollé général, parmi les rangs de l’opposition et dans la société civile, sont censées défendre le choix du régime parlementaire dans la constitution, un choix où Ennahdha joue contre tous. «On ne peut éradiquer la dictature qu’en adoptant le régime parlementaire», disait un autre Nahdhaoui, Lotfi Zitoun, ministre conseiller politique du chef du gouvernement. Vu par son camarade Bennani, le régime parlementaire serait, plutôt, le plus court chemin pour la dictature.
I. B.