En détention depuis vendredi, la mère du martyr Mohamed Bouazizi – accusée d’agression verbale à l’encontre d’un juge au tribunal de Sidi Bouzid –, ne quittera pas la prison des femmes de Gafsa qu’après le retrait de la plainte.


Confrontée lundi à des témoins, Mme Bouazizi, en détention pendant le weekend, n’a pas été libérée et le juge a ordonné son incarcération en attendant que le juge victime des propos de l’accusée retire sa plainte.

Interrogé par des journalistes, en marge du 9e Congrès d’Ennahdha, à propos de l’incarcération de la mère de Manoubia Bouazizi – qui reste la maman du symbole de la révolution tunisienne –, le ministre de la Justice Noureddine Bhiri a indiqué que la magistrature dans la Tunisie post révolution est tout à fait indépendante et que personne n’a dorénavant le droit d’intervenir pour n’importe qui. Mme Bouazizi a, selon lui, insulté un juge, qui plus est devant témoins. Ce dernier a porté plainte au procureur de la république et il est de son droit de la poursuivre. Mme Bouazizi a fauté, et elle doit être sanctionnée comme tous les citoyens fautifs.

«Nul n’est au dessus de la loi, même s’il s’agit du président de la république ou du ministre de la Justice en personne ou autre. La révolution a mis fin à toutes les interventions et les pistons», a renchéri Noureddine Bhiri, heureux de jouer le beau rôle.

Reste qu’il aura du mal à justifier que les assassins des martyrs de la révolution restent encore dans la nature et que les hommes d’affaires corrompus, qui faisaient leur miel avec les clans des Ben Ali, Trabelsi ou autres Materi, se sont nullement inquiétés. Ils se la coulent douce et certains, dit-on, sont même devenus les bailleurs de fonds d’Ennahdha.

«La justice est indépendante en Tunisie», dit M. Bhiri.  On a vraiment de bonnes raisons de le croire sur parole !

I. B.